Joséphine Baker et sa ceinture de bananes ont contribué à propager le stéréotype du nègre mi-homme mi-chimpanzé et réduit à sa corporalité mécanique. Vous ne verrez aucun Noir américain célébrer celle que Malcolm X aurait, sans hésiter, qualifiée de "Négresse de Maison".
Joséphine Baker ne plaît qu’à l’homme blanc, qui voit en elle la chair ethnique de ses fantasmes inavoués. La femme blanche jalouse et déteste cette rivale. L’ Homme noir ne songe qu’à la tondre pour lui faire payer sa trahison. La femme noire méprise Joséphine Baker pour son essentialisation des clichés que sa complaisance de complexée véhicule sur leur féminité.
Mia Farrow et Angelina Jolie ont, elles aussi, adopté toutes les affiches Benetton : doit-on pour autant les canoniser ? Ceux qui cherchent sérieusement à savoir à quoi a pu ressembler la résistance idéologique et physique du peuple noir à l’apartheid racial doivent saluer Malcolm X et Nelson Mandela chez Les hommes, et Dorothy Dandridge et Billie Holiday, née d’un père blanc et d’une mère noire ("Strange Fruit") chez les femmes.
Les autres peuvent se prosterner devant Angela Davis et Joséphine Baker, tristes préfigurations d’Assa Traoré.