Entretien avec Damien Viguier sur l’histoire de l’inceste
13 avril 2021 17:10, par PLMe Viguier dit qu’il part du droit romain pour étudier la famille traditionnelle française, mais c’est une erreur, avant le Code civil, le droit français ne connaissait pas l’adoption, alors qu’elle est très importante chez les Romains : plusieurs empereurs étaient des fils adoptifs. Du reste, les Romains avaient deux mariages : un sacré avec cérémonie, et un mariage de cohabitation sans formalités. Voir ce qu’en dit Jean-Baptiste Vico dans la Science nouvelle.
Le mariage catholique n’est pas non plus sémitique, c’est-à-dire polygame avec achate au père de la fille qui reste juridiquement mineure toute sa vie, et possibilité de répudiation.
Le mariage catholique à régime dotal, hétérosexuel, monogame, viager, avec égalité juridique et consentement des deux époux est celte ou gaulois. L’épouse est considérée comme quittant la famille de son père pour entrer dans celle de son mari dont elle prend le nom et le statut juridique coutumier, elle devient noble si son mari l’est, elle cesse de l’être si elle l’était mais que son mari ne l’est pas. Elle sera régie personnellement par la coutume de la famille où elle entre, par exemple celle de Normandie. Les coutumes étaient le statut civil.
Les mariages de l’Ancien Régime ne se faisaient ni dans la parenté (inceste), ni avec des comples étrangers, ils se faisaient en limite de parenté avec une branche éloignée de la famille qui redevenaient par cette alliance une même famille, avec les obligations de solidarité et la communauté d’honneur ("fama"). La dot était la part de la fille dans l’hérédité commune de sa famille, un accompte sur sa part d’héritage qui devenait son bien propre. Ayant un patrimoine parfois très important, qu’on pense à Eléonore d’Aquitaine, la fille avait la capacité juridique de l’administrer. C’est le Code civil qui a rendu le mari propriétaire des biens de sa femme.
Un article du Code Napoléon qui est passé inaperçu est celui qui di : "Nul ne pourra avoir d’action contre ses parents pour cause d’établissement." Il confirme ce que dit Damien Viguier sur le rôle qu’a eu le Code civil pour casser la continuité patrimoniale du lignage, et cela dans tous les milieux : paysans propriétaires, artisans, nobles. Le chef de famille était détenteur d’un patrimoine familial commun, il avait l’obligation d’établir et de doter chacun des membres du clan. Avec le Code civil, la famille élargie n’a plus de personnalité juridique, seul le ménage en a une.