L’imagerie populaire, en particulier les républicains de l’époque de Jules Ferry, ont perpétué et accentué à travers l’école publique la perception négative de ces rois dits "fainéants", se déplaçant mollement dans de lourds chariots bâchés tirés par des bœufs.
L’historiographie républicaine très hostile à la monarchie en fait des souverains paresseux confortablement allongés sur des coussins moelleux. Et alors ? En réalité, il s’agissait d’une coutume germanique : après son élection, le roi devait parcourir toutes ses terres à la rencontre de son peuple sur un char rituel.
« La lecture de cette période est particulièrement tributaire des sources carolingiennes, cherchant à légitimer rétrospectivement tant le principat de Charles Martel puis de Pépin, que le remplacement dynastique effectué par Pépin le Bref, couronné roi », ce qui incite « à nuancer le sentiment d’éclatement et de décadence » sous le règne des rois fainéants. Donc nuançons.
Le premier roi qualifié par la suite de « fainéant » fut Thierry III (673-691), qui se laissa gouverner d’abord par Ébroïn puis par Pépin de Herstal (son père Clovis II et son frère aîné Clotaire III ont bénéficié de reines fortes et de maires du palais respectueux de l’autorité mérovingienne, et son autre frère Childéric II s’était montré particulièrement caractériel). Les suivants furent Clovis III, Childebert III, Dagobert II, Chilpéric II, Thierry IV et enfin Childéric III.
Mais à leur décharge il faut remarquer que le territoire était démesuré. Clovis a régné sur un royaume immense. Pas facile de le parcourir en chariot rituel. En tous les cas épuisant. Les anciennes voies romaines étaient en mauvais état.
Réhabilitons ces pauvres princes déposés assez brutalement sur de faux prétextes par des fonctionnaires intriguants et qui ont été décriés par des moines félons et des historiographes obséquieux, jaloux et factieux manipulant un pape prêt à tout pour asseoir sa puissance sur le monde germanique. Si on en était resté au mérovingiens, les francs régneraient tranquillement sur le monde occidental.
Quant à leurs popularité, outre que les sondages d’opinion étaient encore dans les limbes, le fait de ne rien faire n’est nullement décisif : la reine d’Angleterre qui en fait certainement moins que Dagobert II, est très populaire. Si Macron n’en foutait plus une rame, cela serait plutôt bon et pour lui et pour le pays.
Le légitimisme bien pensé devrait faire quelque chose en faveur des mérovingiens