Les Rameurs, un court-métrage réalisé par Alain Soral en 1993
22 août 2019 19:42, par ProtégeonslaPalestineConfession d’un dragueur est un chef d’oeuvre : les dialogues se prêtent tous à une analyse littéraire et sociologique. Le réalisme y est cru sans être cynique, l’idée de conquête est revisitée sur un mode humoristique, voire burlesque, puisque les conquistadors des coeurs (Dutronc et Taghmaoui) sont des anti-héros dépassés par la femme qui remplit une fonction paradoxale : à la fois objet d’un discours d’apprivoisement et d’appropripiation rassurant pour la masculinité, et sujet qui participe, par ses minauderies, de sa propre fétichisation comme objet de désir inaccessible qu’elle paie de sa solitude. Dans Confession d’un dragueur, ni le machisme (le dragueur) ni le féminisme (la draguée) ne prend l’ascendant : Alain Soral a compris en avant-garde que la relation homme-femme de la fin du XXème siècle est une équation perdant-perdant.
En malmenant les stéréotypes doloristes de l’Amour Courtois où la dame ne cède pas au chevalier qui chante ses louanges (la gonzesse tombe dans le lit du beau parleur sans trop de résistance), en invalidant les clichés du Romantisme où l’aliénation amoureuse mène à la destruction des amants (il y a consensus tacite pour évacuer le sentiment au profit de la sensation), en déjouant les écueils du pessimisme de la postmodernité qui ne voit dans l’alliance homme-femme qu’échec et dysfonction (la stratégie de séduction y est empreinte de panache loufoque et de poésie), et en dédramatisant le drame bourgeois (les relations décrites sont celles de la jeunesse et de l’entrechoquement des classes plus que des races et des sexes), Alain Soral produisait déjà une oeuvre d’intérêt général. Si seulement il prenait le temps d’en écrire la suite !