La Cour de justice de la République ou l’impunité des racailles d’en haut
6 janvier 2017 21:43, par EupalinosEntièrement d’accord avec le fond de l’article, mais je souhaite cependant mettre un bémol à la citation finale attribuée à Desproges, qui, s’il l’a effectivement revendiquée comme sienne, peut être considéré comme un plagiaire qui n’a fait que mal paraphraser, c’est-à-dire appauvrir stylistiquement un des plus grands esprits de la littérature française, j’ai nommé Paul Valéry — qui fut aussi, et surtout, un immense poète, peut-être le plus musical (avec Mallarmé) et intellectuellement le plus puissant de tous.
Voici la citation originale, dont on appréciera la concision :
"La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas."
Bref, ce n’est pas la première fois que je vois, ici et là, Valéry cité ou paraphrasé sans jamais qu’il ne soit fait mention de sa haute personne, sans doute parce qu’il est somme toute assez peu lu, malgré sa grande réputation, et que l’on risque donc peu d’être repéré en s’appropriant ses formules... Bon, personnellement, c’est mon auteur favori, — au point que je peux compter en dizaines certaines relectures de ses textes, et que je sais de lui des centaines de vers par coeur, — alors il est difficile de l’usurper avec moi :).
À ce propos, je vous conseille à tous la lecture, entre autres, de Regards sur le monde actuel, et autres essais. Si la plupart des textes datent de 1931, leur caractère contemporain et leur justesse d’anticipation étonnent...
Dans d’autres registres, il y a aussi son fabuleux Discours sur l’esthétique, ou encore son dialogue L’idée fixe, et bien sûr les grandissimes poèmes que sont Le cimetière marin, La Pythie, L’Abeille, Les Grenades, Air de Sémiramis.
Intelligence hors pair et style inimitable. Valéry, c’est l’excellence à la française mes amis, chez un homme qui n’avait pourtant que du sang italien dans les veines.
Je conviens que c’est un auteur difficile, non parce qu’il est prolixe et jargonnant, mais parce qu’il est dense et profond, mais le lire avec concentration grandit celui qui fait cet effort.
C’était un génie.