L’histoire de France par François Assélineau
2 avril 2012 16:14, par Pierre FrugierOui, la structure est là dans cette conférence. Mais la vision est profane. Le problème de fond est évité, car il serait plutôt de nature liturgique. Car dans le couronnement de Reims, le peuple élit son monarque devant Dieu, pas devant le Pape ni les empires pleins de convoitise. Cette union est scellée devant Dieu, et elle unit dans un muystère plein de grâce effectivement, organiquement, le peuple au roi, dans des fiancailles et une union du peuple, épouse du Christ, au fiancé. Or la liturgie est composée de la grande entrée, de l’apport des Saints Dons depuis la prothèse jusqu’à l’autel pour la célébration du canon eucharistique, c’est aussi le temps où le Roi - proto diacre couronné du peuple qui l’élit parce qu’il le juge digne de le représenter liturgiquement pour y porter non seulement les Saints Dons mais aussi la dîme écclesiale. Le peuple liturge est mystique épouse du Christ, et c’est cette union sacrée qui fonde l’unité politique car la responsabilité de son représentant est aussi matérielle, elle est de pourvoir à ses besoins, comme en témoigne le livre des Actes. Il devient ainsi une injustice évidente d’extirper de la population des contributaires la noblesse car c’est un refus de nourrir l’épouse du Christ, c’est le fondement du clivage, du divorce au sein du peuple. La scission en deux de l’Israël vétéro-testamentaire a eu lieu à cause de l’augmentation fiscale, et la scission du peuple français réside dans l’exonération fiscale de la noblesse, confirmée par le refus d’entériner le projet de Vauban de la dîme royale au début du XVIIIème siècle, une version de la flat tax payable par tous sans exception, entre le dixième et le vingtième des revenus selon les besoins de l’état. La noblesse a perverti l’esprit de service en esprit de jouissance et contraint le peuple à la misère, à subir l’arbitraire fiscal des uns contre les autres en suscitant l’esprit de jalousie, le pays aux guerres et les financiers à subir la suppression de leurs créances. Le peuple n’a pas vraiment été consulté pour remplir les doléances présentées aux états généraux. Et il est évident que si le suffrage universel avait été institutué pour voter la mort du Roi en 1793, il n’aurait pas eu la tête tranchée. Il y a eu donc viol de la conscience et du consentement populaires. L’enjeu est de juguler sournoisement la liberté de croire en Dieu des français, contre Mammon.