Si j’étais un mort, je n’apprécierais pas que des vivants qui n’ont pas vécu ma vie à son époque parlent en mon nom. Ces morveux, je les remettrais volontiers à leurs places dans l’ignorance de ce qu’ils ne savent pas de ce qui fût.
Seulement, si j’étais un mort dans le trouble, à ne pas savoir que je suis troublé dans l’inconscience de ma propre mort, figé par un événement, je chargerais un vivant de me réveiller, m’accrochant à lui comme une moule sur un rocher, de manière à lui peser tant, qu’en s’agitant le vivant m’en ferait me décrocher.
Et, dans la conscience de l’inconscience, je deviendrais conscient de l’instant d’avant. Et, je n’apprécierais pas que des vivants qui n’ont pas vécu ma vie à son époque parlent en mon nom. Ces morveux, je les remettrais volontiers à leurs places dans l’ignorance de ce qu’ils ne savent pas de ce qui fût.
C’est ainsi dans ce paradoxe que je dirais au vivant : ma mort suffit !
Voilà ce que je voudrais qu’il soit inscrit sur mon Épi taf. Que les vivants de leur vivant soient réconciliés avec la conscience de la mort et de ce qu’elle contient ; que s’ouvre à nous morts et vivants la vue éblouissante de l’harmonie.