Bon, là on commence à exagérer un peu. On ne peut quand même pas faire flèche de tout bois pour tenter d’abattre l’esprit tribal juif (qui à l’heure actuelle se décrit mieux en termes de corporations aux liens purement économiques que de tribus, quoi qu’il en soit). Athènes ne fut jamais, mais alors là jamais la représentante en chef d’une philosophie de rechange universaliste au tribalisme sémitique. Athènes fut au contraire une des cités les plus ethno-centristes de son époque, et un modèle d’exclusivisme social qui doit son prestige au fait d’avoir été le préféré de l’oligarchie romaine décadente, en grande partie pour des raisons de tourisme pédophile et homosexuel.
Contrairement aux légendes bien-pensantes enseignées aux collégiens, c’est l’Iran qui à l’époque classique grecque préconisait le mieux les valeurs universalistes devant s’appliquer à vraiment tous, témoin les nombreuses stèles iraniennes faisant état des droits et des devoirs de tous les sujets de cet empire sans exception. L’Iran avait également une notion de pluralisme religieux et culturel bien plus intéressante et authentique que le multi-culturalisme actuel : pas de prosélytisme, respect des frontières culturelles, mais norme morale commune à toutes les religions et cultures.
La qualité d’être humain au sens plein auquel s’adressaient les philosophies athéniennes était en revanche bien plus limitée encore en nombre et en étendue que l’idéal d’Attali : en dehors des gens de race et de langue grecques, tout n’était que barbarie, et de plus il fallait avoir reçu une initiation (en grande partie homosexuelle) à la portée du petit nombre seulement.
Tous les autres, même Grecs, étaient au mieux de simples instruments, en fait tous ceux que la nature astreignait à faire des tâches bassement utiles et aussi des oeuvres créatrices : l’idéal de vie était le pur rentier, chose normale vu qu’Athènes vivait de commerce maritime interlope, de piraterie et de tributs essentiellement. Même si le monde juif pratiquait les discriminations que l’on sait et que l’on dénonce à bon droit, l’étranger de passage y avait une bien moins mauvaise part que le métèque à Athènes. La philosophie d’Attali que vous dénoncez eût été bien mieux reçue et comprise à Athènes que dans l’ensemble du monde sémitique de l’époque, beaucoup d’auteurs sont d’avis que l’esprit dit talmudique hérite bien davantage du goût greco-romain pour les arguties légalistes sans fin que des idées juives proprement dites.