Rapport de Pierre Hillard sur le Mondialisme (extrait)
8 avril 2012 14:23, par AzwawMoi qui aimait bien monsieur Hillard malgré un faux pas récent assez décevant, s’enfonce encore cette fois en colportant la caricature colonialiste du Musulman fataliste !
Monsieur Hillard, votre travaille est remarquable sur l’Europe et l’Occident, et vous n’avez pas besoin de moi pour vous le dire, mais un peu plus de sérieux et moins de raccourcis sur l’Orient serait le bienvenu pour avoir le tableau complet.
Pour info, ce fatalisme connu dans la pensée musulmane par le nom de "Djabriya" est un courant théologique apparu dans le Xième siècle comme une extrême opposée à une autre extrême dite "Qadariya" (pour laquelle l’Homme crée ses propres actes) et le sujet de discorde était purement théorique, en l’occurrence la nature du savoir divin. A l’époque et sous l’influence des philosophies helléniques, le libre arbitre et l’omniscience de Dieu apparurent pour les deux courants comme paradoxales et chacun pris le choix, plus ou moins explicitement, de faire prévaloir l’une sur l’autre. Plus tard, la seconde option s’est vue associée à la pensée Mouatazilite (d’où d’ailleurs le regain d’intérêt actuelle de cette pensée) et la première sous des variantes plus ou moins extrêmes et selon l’actualité politique, s’est lentement diffusée chez certains Soufis.
A la venue des colons Européens, le monde musulman était gangréné, notamment avec la bénédiction de l’Empire Ottoman mourant, par les voies soufis : certaines par lâcheté, ont abdiquées devant le fait accompli et elles se sont réfugiées dans ce "fatalisme" et l’ont propagé chez leurs adeptes (les Mourides Sénégalais face à la colonisation française en est un exemple frappant) d’autres plus réalistes, ont pris les armes et se sont défendus. Pour le colon, les premiers représentaient la nature intrinsèque de l’Islam et les seconds étaient des "fanatiques" (mot très en vogue à l’époque pour décrire toute résistance religieuse à la colonisation).
Qu’en est-il aujourd’hui ? Le soufisme qui était un vecteur-clé de la propagation de cette pensée bat de l’aile malgré les efforts de l’Empire pour le promouvoir (hier en regardant dans le rayon Islam de la Fnac, j’ai estimé que 60% des livres proposés sont des livres soufis !!!) et les Musulmans lambda adoptent en grande majorité la vision naturelle, médiane et originelle sur cette problématique philosophique : l’Homme est maître de ses propres actes et ceux-ci ne peuvent échapper au Savoir préexistant de leur Seigneur !