Vous annoncez vouloir « discuter de manière sensée des véritables mérites et inconvénients du christianisme ». Mais si l’objet de votre étude se limite aux stratégies de l’Église impériale et à ses compromissions politiques, vous ne jugez pas du christianisme : vous analysez Babylone la grande, ce système religieux que Jean décrit dans l’Apocalypse, « revêtu de pourpre et d’écarlate, ivre du sang des saints et des témoins de Jésus » (Ap 17).
Cette confusion est lourde de conséquences. Car le christianisme, ce n’est pas d’abord une institution, ni une politique, ni une propagande. C’est la personne du Christ, son enseignement, sa mort et sa résurrection. Les « mérites » et « inconvénients » ne peuvent se mesurer qu’à l’aune de cela. Dès qu’on substitue aux Évangiles les intrigues de l’Empire, on ne fait plus œuvre d’histoire mais de dérivation : on évalue une contrefaçon en croyant évaluer l’original.
Et c’est précisément ce que l’Apocalypse annonçait : toutes les grandes structures religieuses, qu’elles soient christianisées, islamisées ou hindoues, finiraient par séduire les rois de la terre et se compromettre. L’histoire de l’Église impériale n’infirme donc pas le christianisme : elle confirme la prophétie.
Votre projet de « dissiper une idée fausse » s’inverse alors : en croyant clarifier, vous obscurcissez, en confondant l’Épouse et la Prostituée. L’histoire de Babylone mérite bien sûr d’être étudiée, mais il serait intellectuellement plus honnête de la nommer pour ce qu’elle est — un système religieux corrompu — plutôt que d’en faire l’étalon pour juger du Christ et de ceux qui le suivent.