Même si il avait fait une école de journaliste, ce que faisait Emmanuel Ratier n’était pas du journalisme, mais un travail d’archiviste et de prosopographie, dans la continuation de l’oeuvre d’Henri Coston, c’est-à-dire l’étude et la publication des origines familiales, des appartenances sectaires et de la biographie des hommes de pouvoir.
L’objet principal de la science politique est la question de la légitimité du pouvoir. Dans un régime à prétention démocratique où les positions de pouvoirs et la réussite économique sont légitimés par " l’égalité d’accès à tous les emplois publics sans autre motif que les capacités et le talent" (DDHC de 1789), dévoiler les réseaux familiaux (parentés, alliances) et sociétaux occultes (sociétés et organisations secrètes) qui ont fait obtenir ces postes provoque la délégitimation des élites de pouvoirs : ils ne sont pas à ces postes parce qu’ils sont les meilleurs, mais par favoritisme, par fraude, parce qu’ils ont été pistonnés et que les concours de recrutement ont été faussés.
Emmanuel Bau de Loménie est un autre rédacteur de prosopographies des hommes au pouvoir ou de la classe dominante républicaine, il a publié les Les Responsabilités des dynasties bourgeoises, tome I depuis la fin de l’Ancien Régime et les accaparements des biens nationaux, jusqu’au tome IV du Cartel des gauches à Hitler. On voit que la République est le régime d’une classe dominante monopoliste.