Le conflit israélo-palestinien n’est pas une lutte de libération contre un oppresseur, mais un théâtre cynique régulé par les nécessités du capital mondial. Depuis la fin de l’étalon-or en 1971, le capitalisme piloté par le dollar a entrepris de neutraliser toute forme d’autonomie stratégique dans les régions clés, en premier lieu le Moyen-Orient. Israël y joue un rôle central : verrou militaire et technologique de l’Occident, il a été implanté pour maintenir l’instabilité permanente, empêcher l’émergence d’États souverains et bloquer toute possibilité d’unification régionale autonome.
Mais Israël n’est pas un État souverain au sens plein. Structurellement déficitaire en production, en ressources et en légitimité géographique, il ne peut survivre sans perfusion économique, diplomatique et militaire venue de l’étranger (essentiellement des États-Unis). Même les factions internes du pouvoir israélien — libéraux sionistes, ultra-nationalistes messianiques, technocrates sécuritaires — savent pertinemment que "le Grand Israël" est une fiction géostratégique : l’autarcie y est impossible, et la paix y serait économiquement désastreuse pour un État structuré autour de l’économie de guerre et de haute technologie militaire.
L’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas — groupe longtemps financé, structuré et indirectement soutenu par Israël lui-même — ne peut être comprise comme un simple acte d’ennemi extérieur. Elle répond parfaitement aux mécanismes de régulation du fétichisme marchand mondial : raviver le choc émotionnel, restaurer l’unité nationale israélienne vacillante, justifier l’épuration à Gaza, relancer les budgets sécuritaires mondiaux et détourner les prolétaires du monde entier des véritables enjeux. Il ne s’agit pas ici d’attendre les "preuves factuelles" d’un false flag : l’économie politique du capital nécessite des chocs pour maintenir sa reproduction élargie. Ce conflit en est un instrument.
Le Hamas, le Hezbollah, Daech, Israël et leurs parrains étatiques respectifs ne sont pas des adversaires réels, mais des pôles fonctionnels au maintien du chaos piloté. Ils servent à évacuer toute subjectivité révolutionnaire, à remplacer la lutte des classes par des affrontements ethno-religieux, et à empêcher le surgissement d’un mouvement prolétarien mondial autonome, capable de dépasser les nations, les religions et l’argent.
La seule issue n’est pas de choisir un camp, mais de détruire tous les camps.