Après avoir fait semblant de négocier pendant deux mois, et cinq rounds, les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l’Iran. Leurs frappes sur les trois sites iraniens d’enrichissement de l’uranium (Ispahan, Natanz, Fordo), dimanche à 2 heures du matin, sont intervenues alors que le terrain avait été préparé par une campagne israélienne de bombardements de neuf jours. L’opération avait été planifiée pendant plusieurs mois entre les états-majors américain et israélien. Les appels à l’aide des Israéliens pour que les Américains aillent "finir le job", comme le délai de réflexion de Trump "jusqu’à deux semaines" avant de décider s’il frapperait l’Iran, n’étaient qu’une mise en scène.
Cette guerre est la suite du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) par Trump, en 2018, lors de son premier mandat. L’objectif était alors d’empêcher le retour de l’Iran sur la scène internationale, amorcé grâce à la levée des sanctions américaines dans le cadre de l’accord. Aujourd’hui, la guerre de Trump est faite pour écraser l’Iran. Elle pourrait conduire au renversement du régime en place à Téhéran, comme l’a écrit le président américain dimanche, après avoir juré les jours précédents que cela n’était pas son projet.
S’adressant à la nation après les frappes, Trump a vanté un "grand succès militaire". Mais à l’heure qu’il est, personne ne sait exactement quels sont les dégâts sur les sites iraniens d’enrichissement de l’uranium. Le plus épais mystère entoure Fordo, un site enfoui à une centaine de mètres sous la montagne, que les Américains ont frappé avec leurs bombes anti-bunkers. Des images satellites montrent six perforations opérées par les bombes à la surface du site, mais on ne sait pas ce qui s’est produit sous terre. Autre inconnue, les Iraniens auraient déplacé leur stock d’uranium enrichi avant les frappes américaines, pour le mettre à l’abri.
Comme celle des Israéliens, la guerre américaine contre l’Iran est parfaitement illégale au regard du droit international. Aucune menace réelle et imminente ne justifiait de la lancer. Ni le renseignement américain ni l’AIEA ni aucune autre instance ne disposent de la moindre preuve que l’Iran a pris la décision de fabriquer des armes nucléaires. Le danger pour Israël et les Etats-Unis, eux-mêmes puissances nucléaires, d’être frappés par des bombes atomiques iraniennes qui n’existaient pas encore était nul.