Après des années à fuir la rue comme un vampire fuit l’ail, voilà que Marine Le Pen daigne redécouvrir les vertus du pavé parisien. Elle qui n’a jamais été très à l’aise avec la sueur populaire et les relents de merguez fumantes des cortèges patriotes se pique soudain d’organiser une manifestation pour dénoncer, tenez-vous bien, « la dictature des juges » ! C’est admirable de lucidité… avec environ vingt ans de retard.
Mais attention, ce n’est pas une manifestation comme les autres. Non non, c’est un rassemblement républicain (à défaut d’être national), digne, policé, presque chirurgical – on y marchera sur des œufs, pour ne pas froisser BFMTV et les chroniqueurs mondains.
Seulement voilà : on ne remplit pas les trottoirs de Paris avec des électeurs en charentaises. Quand on déserte la rue pendant une décennie, quand on renie jusqu’à la culture militante qui fit la force du Front National de Jean-Marie Le Pen, eh bien… on se retrouve à battre le pavé avec quelques assistants parlementaires, des stagiaires du siège et quelques centaines de quidams sincères mais un peu perdus.
Pendant ce temps, l’extrême gauche, elle, n’a jamais déserté le macadam. Elle connaît les raccourcis, les slogans ; elle a les cordes vocales. Dimanche, il est donc à craindre – ô tragique ironie – que les contre-manifestants soient plus nombreux que les partisans de la Reine de Mayotte. Il faut dire qu’eux, au moins, croient à ce qu’ils hurlent.
Mais ne vous inquiétez pas, si Marine rame à Paris, elle trouvera bien un plateau télé pour expliquer, la bouche en cœur, que « c’est la faute aux médias ».
Thomas Joly - Président du Parti de la France