Cette rage de réactiver maux et drames par le rappel constant.
Quand on sort d’une maladie, on ne gratte pas l’endroit de la pustule disparue, de peur qu’elle ne repousse.
Quand on a un frère en taule pour assassinat, on ne le crie pas sur les toits.
Quand on est amoureux transi et qu’on s’est fait lourder, on se jette dans le boulot, le vin, les achats. Surtout, ne plus penser à ce drame !
Quand on s’est fait piquouzer contraint et forcé, on évite d’aborder le sujet en société.
La nuit, la fonction balai de la mémoire efface les mauvais souvenirs par le rêve. C’est une belle fonction efficace.
Ah l’oubli, quel désir de celui qui souffre et a souffert, quel remède, quelle chance, quelle faveur des dieux bienveillants.
D’ailleurs, il y a en France des groupes très spéciaux qui se souviennent tellement des malheurs spéciaux de leurs grand-mères spéciales, que les Français ordinaires en ont oublié de se souvenir du génocide genré masculin européen de la guerre de 14, des crimes vendéens anti-bretons de l’atroce Terreur, etc.
Or ça repart les crimes, si on ne veut pas s’en souvenir un peu, de temps en temps. Mais pas tout le temps, quand même. Et puis les grand-mères disparues, mon Dieu... Les nôtres, OK, mais les autres, ces inconnues ?