L’erreur commise ici, c’est d’assimiler la condition de rentier à de la pure consommation...c’est très réducteur.
Alors oui, avoir le luxe de ne plus avoir à trop compter ses dépenses permet de consommer, beaucoup, même. Mais ne voir que ça c’est du gaspillage, purement et simplement.
Je m’explique : en gagnant une forte somme d’argent qui nous permet d’être rentier, on s’affranchit des chaînes du salariat. Quoi qu’on en dise, c’est un esclavage : on doit servir quelqu’un pour pouvoir gagner notre vie. Et ce quelqu’un tire plus de profit de notre travail que nous-mêmes, sinon il nous emploierait à perte et ce système ne tiendrait pas debout.
L’argent a un pouvoir libératoire ; en avoir suffisamment pour que les revenus que cet argent lui-même dégage nous permettent de vivre décemment, c’est ça la vraie indépendance financière et la vraie liberté. Un homme qui vend son temps (la ressource la plus précieuse) contre de l’argent sera toujours un esclave. Un homme dont l’argent travaille pour lui est libre.
Et comme toujours, c’est l’usage qu’on fait de cette liberté qui importe. Simplement consommer est, il est vrai, futile. Mais cette liberté nous permet aussi de faire toutes les choses autrement plus productives et épanouissantes qu’un emploi à plein temps nous rend difficiles voire impossibles, faute de temps et/ou d’énergie restants.
On est ainsi libre de créer, d’écrire, de s’investir pleinement dans des causes réellement nobles qui font du bien à notre prochain, etc. Ce qui n’exclut pas, bien entendu, de se faire plaisir (pourquoi se refuser ce qu’il y a de mieux si on peut se le permettre, après tout ?). Mais de là à réduire cette situation à quelque chose d’improductif, c’est au mieux inexact, au pire malhonnête.
Je le répète : pouvoir vivre de ses rentes, qu’elles soient méritées ou pas, c’est la liberté. Et c’est ce qu’on décide d’en faire qui importe.