M. Lévy, démocrate pro-guerre qui avez défendu le bain de sang en Palestine, le bain de sang en Irak, le bain de sang en Afghanistan, le bain de sang au Liban, le bain de sang en Lybie, qui défendrez bientôt le bain de sang en Syrie, en Iran ou au Venezuela, vous qui vous prétendez philosophe et qui avez pris le parti de Sartre, relisez ces lignes de son camarade et adversaire le plus lucide, M. Merleau-Ponty, elles datent de 1947 et elles parlent de vous :
Nous devons rappeler qu’elle (la liberté) commence à être une enseigne menteuse, – un « complément solennel » de la violence, – dès qu’elle se fige en idée et qu’on se met à défendre la liberté plutôt que les hommes libres. On prétend alors préserver les humains par-delà les misères de la politique ; en fait, à ce moment même, on endosse une certaine politique. Il est essentiel à la liberté de n’exister qu’en acte, dans le mouvement toujours imparfait qui nous joint aux autres, aux choses du monde, à nos tâches, mêlée aux hasards de notre situation. Isolée, comprise comme un principe de discrimination, elle n’est plus, comme la loi selon saint Paul, qu’un dieu cruel qui réclame ses hécatombes. Il y a un libéralisme agressif, qui est un dogme et déjà une idéologie de guerre. On le reconnaît à ceci qu’il aime l’empyrée des principes, ne mentionne jamais les chances géographiques et historiques qui lui ont permis d’exister, et juge abstraitement les systèmes politiques, sans égards aux conditions données dans lesquelles ils se développent. Il est violent par essence et n’hésitera pas s’imposer par la violence, selon la vieille théorie du bras séculier.
(in « Humanisme et terreur »)