Houria Bouteldja est l’antithèse de Zineb el-Rhazoui. L’une provoque chez moi une révulsion intellectuelle, en posant que le statut non démontré de victime du colonialisme dispense une communauté donnée de faire son auto-critique. L’autre est parvenue à l’essence même de l’empathie et au dépassement du clivage racial, après un examen de conscience qui l’a délestée des scories idéologiques du gauchisme, et rapprochée de la Vérité.
Le corps tient d’ailleurs tout un discours : le délâbrement physique de la Bouteldja est un savant encodage, un langage qui trahit son égarement et la psychorigidité de son incantation binaire (conquistador / colonisé, maître / esclave). Ses dents de fumeuse sont le miroir de son enfumage racialiste.
Quant à Bassem, il faudrait lui lâcher la grappe : la république a clairement échoué à adresser un message de fermeté à la jeunesse des banlieues, et puisque Bassem incarne cette voix censée de la sous-culture périphérique déterritorialisée qui parvient encore à les toucher, en tant qu’elle maîtrise leurs codes et leur sensibilité, laissons-le faire le travail. Le contentieux de nos ensauvagés avec l’autorité institutionnelle rend nécessaire cette délégation d’autorité à quelqu’un auquel ils sont susceptibles de s’identifier.
Pour ce qui est de prendre position pour la Palestine : stratégiquement, Bassem Braïki a parfaitement raison ne pas le faire publiquement, sous peine d’être taxé de salafiste antishabbat qui harangue les banlieues. ER, s’il vous plaît, ne vous lancez pas dans une croisade stérile contre ce kabyle. Nous ne sommes pas son cœur de cible : il parle aux siens à la dérive. Laissons-les résoudre entre, leur revanchisme contre le spectre du colonialisme.