Merci pour ce charmant article.
Une remarque cependant. L’anthropologie des pères de l’église est ternaire : corps-âme-esprit, dans cet ordre. Notre âme (latin : anima, grec : psyche) est ce qui "anime" notre corps, et notre esprit (latin : spiritus, grec : pneuma, qui signifie aussi "souffle") est ce qui insuffle le divin dans notre corps-âme, que l’ancien et le nouveau testament appellent la chair.
Donc dans le dernier paragraphe de votre texte, vous inversez l’anthropologie. Notre âme n’est pas ce qui nous transcende. C’est la partie de nous qui reçoit la transcendance que notre esprit nous transmet. Autrement dit, notre esprit fait l’interface avec l’Esprit (E majuscule) lequel porte vers nous l’énergie de la transcendance. C’est par notre esprit que l’Esprit nous touche, tel un souffle, tel le vent (qui souffle où il veut).
Dire que l’esprit est une machine est donc un contresens car l’esprit est la plus haute dimension de l’homme, celle qui est en contact avec le divin.
Tout colle mieux en remettant les termes à leur place. Ainsi, c’est lorsqu’il est inspiré (il reçoit le souffle) que les créations de l’homme sont les plus hautes. Ce qui en lui est de la nature de l’Esprit (son propre esprit) peut recevoir le souffle de l’Esprit, et le passer à l’âme (psyché) laquelle, via le corps, peut l’animer dans la matière, et ainsi façonner une oeuvre.
L’adversaire de l’Esprit travaille, avec succès, depuis des siècles à brouiller cette anthropologie pour mieux nous couper de notre esprit, et donc de l’Esprit. Et aujourd’hui nous ne comprenons même plus le sens de ces mots, pourtant très clair dans les premiers siècles.
Je soupçonne que vous vous êtes égarés (comme tout le monde) dans la confusion entrenue depuis la Renaissance autour du mot esprit, dont le sens s’est banalisé et inversé. Ainsi on peut dire aujourd’hui que "Voltaire était un homme d’esprit" pour dire qu’il était brillant dans la formulation de ses idées, alors que cette même expression devrait signifier qu’il était en contact avec la transcendance, ce qui est le contraire de la réalité.
Si nous oublions que nous avons en nous, par notre esprit, la capacité de recevoir l’Esprit transcendant, alors nous ne pouvons plus faire la différence entre Barbara Butch et Leonardo da Vinci. Tout se vaut.
Le diviseur inverse et divise... il est là pour ça. Oeuvrons à la réunification, pour ne pas dire réconciliation.