Pierre Jovanovic – Revue de presse papale… avec Dieu(donné)
10 juillet 2024 13:02, par Le Dieu du SchnapsÊtre chrétien, comme d’ailleurs être musulman ou communiste, c’est accepter une doctrine et s’en remettre à l’autorité d’un texte, d’un prélat ou d’une tradition relativement figée. Ce n’est pas chercher à adapter les textes, les tradition et les discours du prélat à sa situation personnelle, car sinon le mot « chrétien » perd toute espèce de signification. Que penseriez-vous d’un homme qui voudrait qu’on l’appelle « chrétien » tout en exigeant que le Pape fasse profession publique d’athéisme ? Que penseriez-vous d’un homme qui voudrait qu’on l’appelle « communiste » tout en exigeant la réécriture du Capital selon les idées de Rothbard ? Ou d’un prétendu « musulman » qui voudrait remplacer dans le Coran le nom de Muhammad par celui de Raël ? Voilà des fous ou des manipulateurs, diriez-vous.
Car le phénomène auquel nous assistons est bien le suivant : des chrétiens veulent rester chrétiens, c’est-à-dire s’en remettre (au moins en partie) à l’autorité morale du Pape, mais ils veulent en même temps lui dicter ce qu’il doit dire ; ils veulent s’en remettre à une doctrine, à condition qu’ils décident eux-mêmes de son contenu, c’est-à-dire qu’elle cesse d’être ce qu’elle est : ils sont attachés à quelque chose en faisant en sorte que ce soit quelque chose d’autre. Et ceci par choix personnel, car personne ne les y oblige. Si ce n’est pas là une aliénation furieuse, je demande ce que c’est.
Bien sûr, ce qui se cache derrière cette folie est une folie encore plus grande : l’idée que ce qui est (censé être) immoral (l’utilisation du préservatif) va cesser de l’être parce que quelqu’un (le Pape) aura changé d’avis sur la question. Et qu’est-ce qui devrait motiver ce changement d’avis ? L’opinion publique. Pour les chrétiens « progressistes », comme d’ailleurs les autres adeptes de la pensée magique, l’opinion publique doit décider de ce qui est moral, autrement dit la morale est arbitraire, fluctuante, imprévisible. N’importe quoi peut être moral ou immoral. Celui qui n’a pas entendu le dernier discours du Pape pourra donc se trouver en état de péché mortel parce qu’il en est resté au discours précédent, ou tout simplement parce qu’il n’a pas la télévision. Et si on considère, de surcroît, que c’est Dieu qui détermine en réalité ce qui est moral et ce qui ne l’est pas, cela revient à exiger que Dieu obéisse à l’opinion publique, comme une girouette. On se demande dans ces conditions à quoi il peut bien servir et pourquoi il faut le vénérer.