Dette : le débat interdit (Partie 1)
2 mai 2024 22:19, par Lazeby
Le circuit du trésor fut effectivement un outil miraculeux aux mains de l’état, mais dans un cadre mondial encore très protectionniste qui permettait aussi à la production nationale de trouver de vastes débouchés sur le marché intérieur. Tout change à partir d’août 1971 lorsque Nixon suspend la convertibilité du dollar en or en donnant ainsi le véritable coup d’envoi à la mondialisation.
Deux ans plus tard ce sera le psychodrame (bien d’autres suivront) de la "crise du pétrole" qui verra le règne du pétrodollar et la possibilité infinie désormais donnée à l’économie américaine "d’exporter son inflation", avec pour corollaire de pouvoir faire fabriquer ailleurs et à bas coût tout ce dont elle avait besoin.
C’est en ce sens et dans ce nouvel environnement international que le circuit du trésor français s’est trouvé rapidement en porte-à-faux, plus que par la tant décriée loi de 1973, laquelle n’a pas réllement mis fin à ce système et n’a fait que reprendre, pour l’encadrement des prêts au trésor public, des dispositions qui dataient... Du front populaire.
Cette loi n’a fait que confirmer la possibilité pour l’état d’emprunter sur les marchés, mais ce qui était déjà couramment pratiqué sous le ministère Pompidou. Mais il est vrai qu’elle va surtout marquer symboliquement la prise du pouvoir de la fraction (faction) "libérale" de la majorité de l’époque, dont le sinistre Giscard était le champion.
Le véritable fossoyeur du circuit du trésor sera l’article 104 du traité de Maastricht en 1992, lequel interdira au trésor public de présenter ses effets à la banque centrale. L’euro achèvera le travail et la France dans la foulée et l’on peut dire en ce sens que l’UE aura été l’étape finale de la mondialisation néo-libérale, dont nous essuyons tous les plâtres aujourd’hui.