Université E&R : Comprendre Nietzsche, le cours offert de Pierre de Brague
2 février 2024 06:43, par EzraJe trouve que De Brague s’en sort pas trop mal (en seulement 1h).
Le dernier quart d’heure vaut le détour même pour les vétérans de cette philosophie.
Je voudrais proposer quelques ajouts.
1) L’épisode du cheval de Turin est effectivement une légende.
Il n’y a jamais eu aucun témoin de cet évènement dans les faits. Nietzsche admirant Dostoievski, le mythe a remplacé la réalité.
2) Nietzsche attaque Wagner sur le fait qu’il surjoue l’Allemand.
Nietzsche laisse entendre (Le Cas Wagner) que le véritable géniteur de Wagner était un comédien juif qui s’appelait Geyer. Nietzsche, activiste Européen en avance sur son temps, déplorait le cirque-nationaliste autour de Wagner.
3) Lou Andréas-Salomé
Il est dommage d’avoir présenté Lou Andréas-Salomé comme une simple allumeuse mondaine. Il me semble que vous passez à côté de quelque chose qui aurait nourri votre propos par la suite dans la tentative de rapprocher Vitalisme Bergsonien et Dépassement Nietzschéen.
Si Salomé, elle qui était aussi malade et crachait du sang, allait devenir si importante pour Nietzsche ce fut grâce au poème Hymne à la Vie (lisez une traduction) qui résumera avec une élégante puissance et de troublante manière ce que sera le coeur de la philosophie nietzschéenne avant la publication du Gai Savoir en 1882, le premier véritable "livre nietzschéen" posant comme fondamentale la figure conceptuelle du Jasager (celui qui compose avec tout ce qui est Bas, Laid et Cruel dans la vie en affirmant les conditions tragiques du vivant "entièrement", celui qui dit le Grand Oui à la vie : Amen).
4) Sur l’Eternel Retour (ou éternelle réccurence)
Ce concept est également le "centre de gravité moral" qui permet de poser cette question : "Es-tu prêt à vivre cette action une éternité de fois ?".
5) Entre Vitalisme et Dépassement
Il y a un voisinage entre élan vital et amor fati, mais Nietzsche n’est pas au sens strict un Vitaliste (L’Ecole de Montpellier et Paul-Joseph Barthez). Ainsi, pour Nietzsche, le sacrifice des "éléments" malades du Nihilisme (L’Antichrist) n’est pas à exclure, ce qui serait impensable pour des "vrais" Vitalistes).
Et pour faire écho aux propos du sieur De Brague, je suggère un certain Fabrice Hadjadj se revendiquant catholique nietzchéen (3 causeries sur Nietzsche sur YouTube), cela vaut également le détour.
Merci à ER pour cette présentation.