Le désaccord entre Youssef Hindi et Laurent Guyénot se repose en fait sur des présupposés se référant ou non à la "foi". Pour Y.Hindi, qui se place d’emblée dans le giron musulman de ses origines, le monothéisme est posé d’office comme ontologiquement "vrai", renvoyant à "El" ou Allah (= "Le Dieu"), une des divinités de l’ancien royaume d’Israël, reconnu comme étant le Dieu unique universel. Pour L.Guyénot en revanche, qui raisonne hors de tout cadre religieux préétabli (ce qui n’est pas le cas du "paganisme" qui est toujours particulier, en rapport avec une communauté spécifique), tout en se fiant aux seules informations vérifiables, donc "objectives", l’apparition du monothéisme est un phénomène historique datable, tout comme la ou les divinités qui y sont associés, qu’ils se nomment El, Baal, Yahou ou Yahvé. Par ailleurs, le fait de faire remonter Allah au seul El comme le fait Hindi est un choix arbitraire, motivé uniquement par des impératifs religieux. En réalité, hors de toute considération dogmatique, tout permet maintenant de penser que l’islam était véritablement issu du "nazaréisme" ou "judéo-christianisme" remontant aux premiers juifs christianisés de Syrie-Irak comme le propose le Père Gallez dont la démonstration n’a jamais été vraiment réfutée. Allah, "Le Dieu" prolonge donc vraiment Yahve, le Dieu d’Abraham/Ibrahim, de Moshe/Musa, etc. et nom l’évanescent "El". D’un point de vue érudit, c’est donc un faux débat qui oppose Y.Hindi à L.Guyénot. Pour le coup, malgré la pertinence de ses analyses sur les origines et la nature politique du sionisme, Hindi reste prisonnier de ses allégeances communautaires, et donc aussi de simples dogmes religieux. Peu importe ainsi sa "lecture" ou ses convictions sur les origines des anciennes religions du Moyen-orient, ainsi que de l’islam lui-même, l’essentiel est qu’il contribue à nous éclairer sur les origines du sionisme et les imbroglios géostratégiques du Moyen-orient. Ce qu’il fait très bien et on ne peut que l’en remercier.