On regarde des photos de classes.
CM2, 1960, 31 élèves. Auzainvilliers, Vosges, 1960, 35 minots.
« C’est bien blanc ! Voilà pourquoi ça marchait si fort ! » diront peut-être certains. Belfort, classe de M. Pascal, 1949, 37 élèves. Il y avait déjà des Français métropolitains dont les ancêtres n’ont pas dû croiser les légions romaines. En rêvassant sur cette image, je me dis que sans doute on nous a pas mal trafiqué l’imaginaire à propos de la mentalité supposée raciste du peuple de l’époque. Senghor avait obtenu l’agrégation de grammaire depuis longtemps au moment où ce cliché a été pris. Il a enseigné à Tours, en lycée général, ce qui n’était pas rien à l’époque. Sud d’Alger, Fort l’Empereur, mars 1959, Benabas, Layadi, Aïsaoui avec Charbonnier, Heurtaux et Blangenoix, 30 élèves. Bien sûr je n’idéalise pas. Ça devait se tartiner le museau entre arbicots et roumis. Il ne s’agissait pas non plus d’importer en masse de la main d’œuvre inutile, au nom des droits de l’homme selon Giscard d’Estaing et les lois du marché, alors que les besoins se tarissaient. Mais l’un dans l’autre le système avançait.
Quand on voit les effectifs, on se dit que le problème actuel, n’est pas uniquement d’ordre matériel. Les idées comptent. Quarante ans de tambouille particulariste, de destruction de l’idée de Nation, parce que les individus doivent pouvoir s’endetter librement pour consommer toujours plus, d’extension débridée des marchés de niche et de mise en avant de lobbys dont le pouvoir est inversement proportionnel à leur représentativité, nous ont fait un mal immense.
L’un des vecteurs de cette peste est passé par l’école. Les profs sont en partie responsables, mais ils sont souvent de parfaits niais politiquement : lire Charlie et voir du Ozon, c’est être un révolutionnaire. Des responsables se sont acharnés à casser l’école populaire. D’abord on va pouvoir vendre les services qu’elle offrait. Ensuite, inefficace, elle est moins dangereuse.