Il ne faut pas confondre la qualité avec la quantité, de plus le lexique n’est qu’une dimension de la langue ; ainsi l’anglais ne serait pas plus pratique et plus précis parce qu’il possède trois fois plus de mots, ceci est une mauvaise déduction.
Concernant MC Solaar, la comparaison est dépourvue de pertinence, le nombre de mots écrits doit être bien plus faible que ce que Maupassant a écrit dans son œuvre. Je pense que pour des chansons, qui par nature ne peuvent comporter une grande quantité de mots, la performance est bien là.
Et finalement, il n’y a rien de faux à affirmer que la langue française s’enrichit.
Selon les définitions de l’Académie française et du Grand Robert – le TLFi également, mais une équivoque demeure –, cette locution ne concerne que la quantité et non la qualité ; ainsi, n’importe quel mot dégueulasse enrichit la langue, et plus précisément, agrandit son lexique.
À propos du « dialecte de ghetto », peu importe que l’on intègre cela à l’idée que l’on se fait de la langue française, si des mots issus de ce « dialecte » se retrouvent usités dans une pratique de la langue française hors « ghetto », ces mots auront alors enrichi la langue française.
Plus que les dictionnaires, c’est l’usage qui décide si un mot appartient au lexique français.
Qu’une population ne tourne qu’avec trois cents mots n’a pas d’importance si dans son lexique, certains mots sont adoptés par une autre population.
À partir de là, il faut juger cet apport selon des critères néologiques, si l’on considère que ce « dialecte » est tout de même du français, ou selon des critères d’emprunt, si l’on considère que ce n’est pas du français.
Il faut être bien au clair sur le sens des mots, et si besoin, s’expliquer – un exemple dans le TLFi pour ajouter de la confusion à la confusion :
« Les mots sont susceptibles de prendre plusieurs significations et, leur en donner de nouvelles est ce que j’appelle créer, c’est enrichir une langue, une langue s’appauvrit en gagnant des mots, elle s’enrichit en en ayant peu et leur donnant beaucoup de significations. Balzac, Correspondance,1844, p. 690. »