Ah, le cinéma X en 35 mm dans les salles obscures ! J’ai commencé il y a une quarantaine d’années dans ma ville de province, c’était tout un rituel, il fallait se déplacer, affronter des regards réprobateurs, la crainte de rencontrer un collègue, un voisin. En sortant de la salle, c’était encore plus compliqué. Et les films ! Des films de Gérard Kikoïne, de Burd Tranbaree (anagramme de Jean-Claude Aubert), avec comme acteurs, Alban Ceray, Richard Lemieuvre, et chez les femmes, Brigitte Lahaie ou Marilyn Jess (on peut dire qu’elle m’a fait fantasmer celle là).
Quand je montais à Paris pour le boulot, je faisais toujours un petit crochet par les cinémas du boulevard de Strasbourg, notamment le Scala, j’avais souvent mon hôtel juste à côté. Et puis j’ai fréquenté d’autres cinémas X, même à l’étranger, surtout en Suisse. Les titres des films, sur ces affiches sans photo, me procuraient déjà une forme de plaisir. Et puis, ils ont tous fermés progressivement, effectivement livrés au marché, à des promoteurs pas toujours très regardants. On est presque dans la chanson d’Eddy Mitchell, la dernière séance. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette époque, que j’ai connu, cette âge d’or du X, qui est pour moi, la période 1978 - 1983. Le porno d’aujourd’hui est triste, brutal, pas excitant du tout. Un peu à l’image de ce capitalisme en phase terminale.