Déconstruire un mythe : la bataille de Poitiers
27 novembre 2017 04:41, par MansurBeaucoup d’erreurs et d’approximations.
Cette bataille sans importance politique et militaire
Pourtant qualifiée de "victoire des Européens" par l’auteur anonyme de la Chronique mozarabe de 754, ce qui est une première, tandis que les auteurs arabes qualifient le chemin du retour de "pavé des martyrs".
un Eudes plus latin que germain qui voyait les Francs comme une horde barbare
Au VIIIe siècle les Francs, précocement romanisés, ne sont plus vus comme une horde de barbares. Eudes était certainement plus latin que germain, mais son nom n’en demeure pas moins germanique (Eudes = Oto/Odo/Eudo)
une énième razzia au-delà des Pyrénées, non dans un but expansionniste
On n’en sait rien, et des razzias précèdent généralement les conquêtes.
Précisons que ces « Arabes » étaient en majorité des Berbères et des Hispaniques fraîchement convertis à l’islam.
Non, il y avait au moins autant d’Arabes que de Berbères. Si l’armée de Tarik Ibn Ziyad qui débarqua en Espagne en 711 fut effectivement essentiellement berbère, l’armée de Moussa Ibn Nussayr qui débarqua à son tour l’année suivante était essentiellement constituée de tribus arabes et bien plus grande. C’est de ces tribus qaysites et yéménites que sont issus les élites militaires des premiers siècles d’Al Andalus. En 732, ils constituent sans nul doute le noyau dur des armées, bien que les Berbères furent également très nombreux. Quant aux Hispaniques et Wisigoths convertis, rien ne nous permet de penser qu’ils furent nombreux à ce moment.
C’est donc une armée essentiellement arabo-berbère qui affronte les Francs de Charles Martel.
les Sarrasins ne furent chassés de Septimanie qu’en 759 et l’on a des preuves de leur présence dans le Jura jusqu’en 972.
Ces excursions dans le Jura sont le fait des Andalous de la base pirate du Fraxinetum (IXe-Xe siècles), c’est une autre histoire.
L’avant dernier paragraphe n’a pas beaucoup de sens.
On ne gagne rien à entretenir les mythes, surtout quand ils réinterprètent des faits passés à l’aune d’une idéologie présente.
En l’occurrence, la mythification idéologique consiste ici à minimiser déraisonnablement un événement historique pourtant bien établi.