Comment un artiste peut-il vivre aujourd’hui ?
17 novembre 2017 12:10, par GarganLe sujet est complexe, étant donné la variété des disciplines. Mais je crois qu’il faut généralement un max de contacts, un max de bol, beaucoup d’argent pour le matériel, les représentations, la nourriture et les factures du quotidien. Ce qui fait le tri rapidement. Je n’ai pas parlé du talent, hein..
Ma compagne était commerçante et a stoppé cette activité pour se consacrer totalement à son art et clairement, il faut pouvoir assurer financièrement à côté le temps d’une production artistique conséquente pour démarcher des galeries et/ou se présenter à des foires d’art (payantes) en France et à l’étranger, sans parler du coût important du matériel à un certain niveau. J’ai du cesser mon job de salarié pépère pour la même chose en libéral afin de gagner plus et compenser son absence de salaire (elle n’a droit à rien, après 11 ans de RSI).
Il n’y a plus de règles, plus de différence entre le beau et le laid et il faut avoir dans l’idée de s’attaquer à un marché, où alors s’en foutre et persévérer, avec l’idée que l’art est une forme de « direct connect » comme le disait le leader d’Hexvessel avec la Nature, le Sacré, Ce-Que-Vous-Ressentez. Pas sûr qu’elle percera un jour, mais j’ai confiance en elle et je sens une certaine « résonance » dans ses œuvres (elle dit qu’elle est parfois en lien avec le divin lorsqu’elle peint). Pas évident pour elle de se retrouver dépendante financièrement, et la place de l’artiste est souvent déconsidéré par son entourage (« quand est-ce que vous prenez le train [du travail] ? », disait notre bankster), réduit à l’état de distration peu chronophage alors qu’il s’agit d’un investissement total de son temps (et de son esprit).
Cela contraste avec un ancien « beau-père » dont je me souviens à présent, issu d’un milieu parisien bourgeois (père académicien) et rattaché au courant « nouveaux-réalistes » qui s’est fait connaître par des bâches militaires fatiguées en tableaux. Il exposait la décennie dernière au Grand Palais, avec des jouets de plage gonflables. Quelqu’un d’intéressant, malicieux qui me disait que depuis l’invention de la photographie, l’art traditionnel était mort, qu’il n’était plus que concept. Mais bon, j’ai toujours trouvé que c’était de la merde, sans âme. Destiné à un public à l’avenant.