Au Chili une fois j’ai rencontré un type qui me racontait que Saint Louis n’était pas mort à la 8e croisade, mais il s’était caché à Tunis, s’était converti à l’islam et devenu un grand mystique soufi – Saadi Abou Saïd.
Sinon, pour citer l’intro d’un roman populaire : "La chance de la France, chance répétitive, c’est d’avoir, repartis entre la fin du XIIe et le début du XIVe, trois souverains de génie ou d’exception […]. Trois hommes de nature et de vertus bien différentes, mais tous trois bien au-dessus du commun des rois. Philippe Auguste, forgeron de l’Histoire, commence, autour et au-delà des possessions royales, à sceller réellement l’unité de la patrie. Saint Louis, illuminé par la piété, commence d’établir, autour de la justice royale, l’unité du droit. Philippe le Bel, gouvernant supérieur, commence à imposer, autour de l’administration royale, l’unité de l’État. Aucun n’eut pour souci premier de plaire, mais celui d’être agissant et efficace. Chacun dut avaler l’amer breuvage de l’impopularité. Mais ils furent plus regrettés après leur mort qu’ils n’avaient été, de leur vivant, décriés, moqués ou haïs. Et surtout ce qu’ils avaient voulu se mit à exister. Une patrie, une justice, un État : les fondements définitifs d’une nation. La France, avec ces trois suprêmes artisans de l’idée française, était sortie du temps des virtualités. Consciente de soi, elle s’affirmait dans le monde occidental comme une réalité indiscutable et rapidement prééminente. […]
Avec la mort de Philippe le Bel, soudain, c’est la brisure. […] Mais les peuples sont-ils plus souvent gagnants à la loterie des urnes qu’à celle des chromosomes ? Les foules, les assemblées, même les collèges restreints ne se trompent pas moins que la nature ; et le providence, de toute manière, est avare de grandeur."