Critique de Notre ennemi, le capital, le dernier livre de Jean-Claude Michéa
6 février 2017 16:24, par Indépendances nationalesL’auteur de cette critique est un parfait soralien, c’est à dire porteur d’une vision binaire : le Mal contre le Bien, la "Modernité" contre la "Tradition". Or Michéa, dans d’autres livres, s’efforce d’expliquer que ce choix est trompeur.
On nous propose en effet soit le libéralisme (philosophique- culturel-politique), qui tel le code de la route cherche à éviter les collisions aux carrefours mais ne dit pas où il faut aller, laissant à chaque individu la liberté de ses actes qui ne nuisent pas à autrui (c’est la "neutralité axiologique") ; soit des "idéologies du Bien", religieuses ou non (comme par exemple le communisme réellement existant), qui imposent à tout le monde une voie unique à suivre et persécutent les déviants.
Michéa comme Orwell ne veulent ni de ce libéralisme (liberté totale sans limites) ni de ces totalitarismes (d’abord au sens philosophique de "pensées uniques" expliquant tout, prétendant solutionner tout et imposées à tous ; puis débouchant inévitablement sur des absolutismes politiques). Et ils pensent avoir trouvé une sortie de secours, une voie étroite entre ces deux récifs : la décence ordinaire.
Il est donc clair que pour Michéa, la "Tradition" ou le "front de la foi" dont se réclament les soraliens n’ont rien à voir avec la "décence ordinaire" mais tout d’une "idéologie du Bien" parmi d’autres (et susceptible d’aboutir au même résultat que les autres...).
Ceux qui ont choisi cette voie en ont le droit mais doivent reconnaître à Michéa celui de ne pas être des leurs. Et donc de continuer par exemple à défendre l’égalité des droits (par exemple entre femmes et hommes, homosexuels et hétérosexuels).
Tout en mettant au premier plan la question de l’extension du domaine de la marchandise, puisque le premier ennemi des peuples n’est pas tel ou tel "lobby" (comme les affectionnent les soraliens) mais, comme l’indique le titre de son dernier ouvrage : le Capital.
Si donc il y a bien non pas deux mais trois pôles (le libéralisme, les idéologies du Bien et entre les deux la décence ordinaire), tous les opposants au libéralisme ne sont pas à ranger dans le même panier. Un gouffre sépare Soral et Michéa, parfaitement infranchissable.