Pour revenir aux Malais du sud de l’actuelle Thailande, ces gens avaient été "bouddhistes" jusqu’au XV-XVIe siècle (soit durant plus de 15 siècles !) et n’ont dû passer à l’"islam" que parce qu’ils étaient violemment agressés par des Européens-chrétiens et d’autres "bouddhistes", de fraiche date dans le cas des Siamois. Pour eux, devenir chrétiens ou rester bouddhistes, c’était la servitude ou la disparition. D’ailleurs, il ne fait aucun doute que c’est parce qu’ils ne sont pas devenus "musulmans" plus tôt que les Malais habitant plus au nord de la péninsule ont fini par se faire absorber par les Siamois.
Que dans les circonstances actuelles, leur combat pluri-séculaire soit amalgamé au wahhabisme, à al-Qaeda et autres Daesh, c’est un fait mais, replacé dans le contexte et au regard de la profondeur historique et des réalités sociologiques, tout ceci ne relève que des faits divers journalistiques ou même de l’anecdotique sans beaucoup d’intérêt. L’essentiel est ailleurs, dans le combat identitaire, la lutte pour la survie, dans la fidélité à soi-même et au destin collectif.
Pour terminer, voici une petite boutade qui se raconte dans nos milieux. On dit donc que, pour reprendre les inepties médiatiques, on trouve en Indonésie 90% de musulmans, 20% de chrétiens, 5% d’"hindouistes" balinais, 2-3% de money-théistes chinois (ces "Juifs de l’Orient" pour parler comme le roi Mongkut du Siam en 1914), 30% d’on-ne-sait-trop-quoi et 100% de païens. Mais il faut aussi se méfier des statistiques.