Je vous accorde que l’article du Point est grotesque. De là à porter un regard optimiste sur l’évolution démographique de la Russie, il y a un pas qu’une analyse sérieuse recommande de ne pas franchir.
L’enjeu démographique essentiel pour les 20 prochaines années est inscrit dans la pyramide des âges : hors immigration, le nombre de femmes en âge de procréer (20-39 ans, pour simplifier) va diminuer de 35% au cours des 20 prochaines années. Quelle que soit l’évolution de la fécondité, cela se traduira par une baisse importante de la natalité.
A l’inverse, l’arrivée dans la tranche des seniors des générations nombreuses de l’après-guerre (il y a presque deux fois plus de 50-59 ans que de 60-69 ans en Russie, 1.72 exactement) va entraîner une hausse de la mortalité qui ne pourra pas être intégralement compensée par l’amélioration des conditions de vie et du système de soins.
Le solde naturel de la Russie va donc largement rebasculer dans le rouge.
Seule une immigration importante et durable (solde positif d’au moins 500,000 nouveaux résidents par an) peut permettre d’enrayer ce déclin. Contrairement à ce que suggèrent certains, il est peu probable que la diaspora russe puisse en constituer une part importante et a fortiori majoritaire.