Grèce, théâtre de la guerre États-Unis/Europe
20 février 2015 10:11, par nicolasjaissonLe réaménagement de la dette grecque, tel qu’il est décrit ici, ne correspond pas à la réalité. En effet il reprend un erreur commune relayée par les journalistes, qui est d’entendre par "haircut" une réduction pure et simple de la dette. Selon ses dires, elle aurait été réduite de moitié, soit une réduction de 100 milliards. Or ce n’est pas du tout cela qui a été négocié entre les créanciers et la Grèce, mais un réaménagement de la dette qui a été transféré des banques aux organismes de financement européens et internationaux : l’essentiel de la dette a été vendue par les banques au Fonds de Soutien Européen et au FMI, ce qui fait que les banques étrangères ne sont plus détentrices que de 1% de la dette grecque. Par ailleurs le paiement des intérêts a été minoré et étalé dans le temps. La dette grecque détenue par la BCE donne même droit au paiement d’intérêts créditeurs à la Gréce. A total le service de la dette est dans la moyenne basse européenne, autour de 2,5% du PIB, soit un montant inférieur au service de la dette du Portugal et de l’Espagne. Syriza veut obtenir des facilités de paiement supplémentaires sous la forme d’un moratoire du paiement des intérêts et l’effacement des prêts européens, soit la part de la dette rachetée aux banques par le contribuable européen, sous prétexte que les conditions de croissance ne sont pas réunies pour sortir de l’impasse du remboursement de la dette par des nouveaux prêts européens. Et c’est bien là, le coeur du problème, à savoir que la Grèce est incapable de revitaliser son économie dans le cadre européen. Dans le contexte d’une économie intégrée, la Grèce est condamnée à végéter dans le tourisme et le transport maritime. Autrement dit, la donne est clairement devenue défavorable à la Grèce qui avait profité de la manne publique européenne, puis des crédits bancaires, pour socialiser son économie au maximum. Loin d’aller chercher de nouveaux crédits en Russie ou en Chine, Syriza doit s’atteler à la reconfiguration de son économie, qui pourrait grandement profiter de la reconstruction de l’Ukraine ainsi que du développement des pays de la Mer Noire qui constituent son bassin commercial naturel : des pays comme la Géorgie, l’Abkhazie ou l’Ossétie, sans parler d’Odessa nourrissaient autrefois des relations florissantes avec les comptoirs grecs de la Mer Noir et de la Méditerranée de l’Est.