"Processus de paix", qui peut encore adhérer à la validité de cette expression ?
On évoque, à juste titre, la déstructuration progressive (et progressiste diront nos dirigeants) des valeurs fondamentales et fondatrices de notre société, de nos racines culturelles, de la famille, des droits du monde du travail .
Mais qui dénonce ce chaos linguistique, cette perversion du sens des mots, cette déstructuration manipulatrice du discours et, in fine, celle de la pensée ?
On ne dit plus contestataire ou dissident mais complotiste.
On ne dit plus Historien mais révisionniste.
Sioniste est correct, patriote est suspect.
Un homophobe désigne, non pas une personne hostile à la communauté homosexuelle mais une personne rejetée par celle-ci.
Démocratie, république, laïcité, égalité, liberté, unité, antisémitisme.
Nos orateurs politiques sont devenus des alchimistes, transformant en paroles d’or des notions (brassées dans une soupe indigeste) qu’ils ont eux-mêmes avilies par leurs faits et gestes, présents et passés.
M. Valls, dans un discours récent à l’assemblée, justifiait l’emploi du mot apartheid en ces termes "L’erreur, la faute, c’est de ne pas avoir le courage de désigner cette situation, peu importe les mots."
Camus écrivait : " Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ".
La logique du révolté, écrit encore Camus, est de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel".
Le révolté de Camus est l’indigné, le résistant qui s’ élève devant le menteur qui trompe les citoyens en "mal nommant", en déformant le réel, en masquant la vérité, alors que, comme le démontre la contemporaine de Camus, Simone Veil, toute politique qui n’est pas quête de vérité est criminelle.
Non, M. Valls, on ne peut pas dire ou écrire "peu importent les mots" sans travestir le réel.
M. Boniface, vous menez un combat d’arrière-garde car "les Juifs de France sont à l’avant garde de la République" (Manuel Valls)