"Dieu n’est plus au programme". Je n’ai jamais compris pourquoi la question de l’existence de Dieu passionnait les foules. Molière a tout dit dans le Tartufe dans une formulation géniale :
"Vous nous payez ici d’excuses colorées",
"Et toutes vos raisons, Monsieur, sont trop tirées".
"Des intérêts du Ciel , pourquoi vous chargez-vous ?"
En effet, si Dieu existait, il se moquerait d’être défendu. Défendre son existence revient à dire qu’il est faible et qu’il doit être défendu, et donc qu’il n’est pas un Dieu puisque Dieu est tout puissant par essence et peu donc se défendre tout seul. Le défendre tendrait en effet à conclure paradoxalement qu’il en a besoin et qu’il n’existe pas en un de ses attributs essentiels, la toute puissance. Pas mal, non ? A moins que ..
Ce n’est donc pas une question religieuse mais une aimable et distinguée question philosophique, une discussion de salon, et encore, certains philosophes l’ayant traitée par dessus la jambe (pour Kant, elle fait partie des "antinomies de la raison pure", c’est à dire qu’on peut tout aussi bien démontrer l’existence que l’inexistence de Dieu).
Mais tout cela me rappelle le discours assez rigolo de rentrée d’un professeur de philo à Henri IV qui constatait, un peu désabusé, en début de l’année : "Hé bien Messieurs ! Nous aurons à étudier beaucoup de questions en cours d’année que je vais vous recenser Ha ! Heu.. je constate .. heu .. en passant que .. oui ... hé bien.. Messieurs, je dois vous dire que "Dieu" .. n’est pas au programme cette année"..
Cela résume la position de Dieu dans le monde d’aujourd’hui : il n’est plus "au programme". (Ce qui ne veut pas dire qu’il "n’existe pas". Etant précisé que Dieu est "être" et non "existence". Donc a priori il ne peut exister pour demeurer un "Etre". S’il était "existence", il ne serait plus un "Etre". Je pense que vous me suivez.
Pour une âme vraiment religieuse, la question de l’existence de dieu - ou des dieux - ne se pose même pas. La poser est presque un blasphème. Un homme comme Jésus ne se l’est jamais posée évidemment. La vraie, la grande question qui tourmente tout esprit religieux, n’est pas celle-là. Non. C’est plutôt de savoir ce qui lui plaît et ce qui lui déplaît. Là, on reste un peu sec. Dieu ne répond pas clairement. Pourtant c’est le seul terrain sur lequel paganisme et judaïsme se retrouvent (mais c’est le point de départ de leurs divergences). C’est dire son importance.