Bangui : échanges de tirs jeudi soir pendant plusieurs heures au camp militaire de l’aéroport
21 décembre 2013 00:46, par Mojo RisinEn lisant cet article, je pense à L., une centrafricaine de 19 ans, obèse, traumatisée. L. galérait, entre la Mission Jeune et un foyer d’hébergement, entre une conseillère Pôle Emploi pète-sec et des éducatrices bobos-cultureuses au civil.
L. était la fille d’un "colonel" de gendarmerie, très très proche du président. Avec son daron et un paquet de frêres et soeurs, elle habitait dans le quartier de la présidence où est également la télévision nationale (ou la radio, ou les deux).
Il y a eu, "as usual", des factions, des mercenaires. Sous le regard bienveillant du Parrain. La môme avait quinze, seize ans. Le Parrain a permis que les "ennemis" flinguent à tout va - quartier libre. Elle et sa famille à plat ventre dans la pièce principale, matelas contre les volets fermés. Les frangins et le père tenaient le siège avec des kalashnikov. Un des frères s’est fait tuer sous ses yeux : sa tête a explosé sur elle.
Il y a eu négociations et possibilité d’évacuation. Le père s’est évadé travesti en femme, planqué au milieu des grands-mères, des cousines et de ses filles. Ils se sont éparpillés. La petite et plusieurs femmes ont été arrêtées par des mercenaires étrangers. Puis séquestrées...
Au moment ou elle m’a parlé, le daron se faisait "soigner" dans un hôpital d’un pays limitrophe, tranquille. J’imagine qu’il fait partie de ceux qui veulent récupérer le pouvoir.
Elle était en contact avec le bled par des vidéos sur youtube. Avec les frangins qui avaient l’air de caïds envoyant des messages allusifs en langue local (songo ?).
Selon L., un nouvel arrivant au pouvoir sort toujours sa liste de familles ennemies. A titre d’avertissement, il fait systématiquement procéder à des exécutions. Dans les bleds de préférence, histoire de bien diffuser son message en dehors de Bangui. D’où nécessité de confier des proches au Parrain.
Clivage "musulmans contre chrétiens" ? C’est la mafia. Les clans savent où sont les uns et les autres. Jusqu’en France.
Elle, elle savait où bossait, à Paris, un des assassins de son frère. Tout cela est "réglementé" selon des codes précis, des systèmes relationnels et de pouvoirs qu’aucune de nos putes journalistiques n’explore.
Les Musulmans, les Chrétiens. Là on est bien. Des Corléone noirs au service d’un Parrain, la France, nous : négatif.
La gamine était détruite. Hébètement chronique. Future SDF française avec un père quasi ministre. L’heure du retour au pays a peut-être sonné. Bonne chance petite.