Extrait intéressant, ça donne envie de lire le reste, cependant j’ai deux critiques :
Ce qui est communément réuni sous le terme "théorie du genre" est très diversifié, et pour la plupart, ne vise pas à détruire la différence des sexes mais à déconstruire les rôles d’homme et de femme dans notre société contemporaine. Hormis quelques genristes que je qualifierais volontiers d’extrémistes, la plupart n’éludent pas la différence biologiques entre les sexes, ils étudient simplement la construction sociale des représentations et des rôles liés aux catégories sociales d’"homme" et de "femme" à partir de ce substrat biologique. Pour le dire simplement, le fait qu’une femme gère les tâches ménagères n’est pas inscrit dans son code génétique, mais correspond à un modèle social intériorisé depuis l’enfance. C’est essentiellement de ça dont traitent les théories du genre, comment ces modèles sont construits, transmis et intériorisés par les individus. L’usage politique qui en est fait par certains est très critiquable, mais cela ne signifie pas pour autant que les théories du genre n’ont aucun intérêt.
Le complexe d’Oedipe est une théorie également, ce n’est pas une vérité anthropologique fondatrice comme le sous-entend l’auteur (si j’ai bien compris son propos). Deleuze et Guattari et beaucoup d’autres reprochent à la psychanalyse freudienne de tout ramener à du "papa-maman", d’expliquer le comportement humain par cet unique modèle. Cela est peut-être partiellement vrai dans les sociétés européennes où la parenté biologique et la parenté sociale se recouvrent (le père biologique est toujours considéré comme le "vrai" père, même s’il ne s’occupe pas de ses rejetons), mais ce n’est en aucun cas une vérité universelle partagée par l’ensemble de l’humanité. Les structures familiales sont très différenciées selon les cultures et les civilisations, tout comme la définition des pathologies mentales (voir l’ethnopsychiatrie de Georges Devereux par exemple).