"Clouscard ou l’intellectuel collectif sans collectif
Cette déception, je l’avais déjà vécue à gauche quand, il y a maintenant quinze ans, je m’efforçais de faire découvrir aux jeunes contestataires de ma génération l’excellent travail de Michel Clouscard, le philosophe marxiste qui avait théorisé, dès 1972, la montée de la droite libérale-libertaire grâce à Mai 68. Je me démenais donc pour faire connaître Neo-fascisme et idéologie du désir que je préfaçai. Je contactai Jean-Claude Michéa, alors patron des éditions Climats, pour qu’il réédite ses autres livres oubliés, jusqu’à ce que je découvre que ce vieux monsieur, jaloux du succès immérité d’Althusser et qui n’avait rêvé au fond, toute sa vie, que d’être un maître à penser sur le modèle de Sartre qu’il vomissait, me débinais systématiquement auprès des gens à qui je le recommandais. Et pas pour des raisons théoriques, simplement parce que ce vieux puceau, ex-amoureux éconduit d’une ancienne beauté sorbonnarde qui lui avait préféré le célèbre Jacques Lacan, était tout simplement jaloux de mes succès féminins !
Eh oui, comme la beauté physique n’a pas toujours à voir avec l’intelligence chez la femme, on peut être un grand penseur et un tout petit homme.
Exit Couscard et sa solidarité de classe, manquant terriblement de classe !"
Alain Soral, in Flash n° 38, 22 avril 2010, Le CNR n’est pas pour demain !, compilation dans Alain Soral, Chroniques d’avant guerre, Ed. Blanche, Kontre-Kulture, 2012.