Annulation de la conférence de Piero San Giorgio le 26 novembre à Tel Aviv
23 novembre 2012 14:03, par TremahLes Suisses n’ont pas le même goût que les Français pour les effusions idéologiques et les clivages politiciens (cf psychodrame de l’UMP). Un de mes amis vivant en Suisse me dit souvent que les Suisses s’intéressent énormément à la vie politique française, mais qu’ils suivent ça comme un sitcom.
Les gens sont plus posés, pragmatiques, etc., ce que l’on ne doit pas idéaliser outre-mesure, la gestion d’un "pays-monde" comme la France ne pouvant se comparer avec celle d’un pays-communauté de 8 millions de personnes. Contrairement à l’idée reçue, il y a d’ailleurs beaucoup d’immigration en Suisse... mais les immigrés ne bronchent pas... ou plus exactement, on ne les laisserait pas broncher.
Mais la force du consensus suisse vient directement du fait que personne ne veut ni n’a intérêt à tuer la poule aux oeufs d’or. Voilà un pays propre (voire propret), calme (trop, même), apparemment bien géré, prospère, et qui a à la fois l’intelligence (l’opportunisme, diront certains) de n’accepter que les apports positifs de l’étranger tout en refusant la chienlit (nous on fait plutôt le contraire).
Rappelons que la Suisse n’a rien en termes de ressources, que sa structure sociologique de base, du moins en suisse francophone, est comme celle de la France plutôt rurale (canton de vaud) et que le pays doit précisément à son "apolitisme" (cet apolitisme devant être évidemment compris comme une forme d’engagement politique) sa capacité continue à attirer les capitaux étrangers, qui reste le fondement de sa prospérité.
Il est clair que nous Français qui cultivons ce goût démesuré du "débat" et du clivage sous toutes ses formes (en France on se définit avant tout "contre" quelque chose ou quelqu’un, quelque soit le plan considéré : politique, culturel, aujourd’hui familial, etc.) devrions réfléchir sur le fait que des ennemis politiques et économiques parviennent à "cohabiter" pacifiquement sous la bannière suisse : mais tout cela amènerait très concrètement à remettre en doute tout le logiciel de compréhension que l’on nous inculque depuis la petite enfance (clivage droite/gauche, etc.)
Même les Juifs n’ont jamais vraiment fait chier les Suisses en dépit de très gros contentieux financiers... quand on voit que 70 ans après la France est pratiquement jugée au même niveau de responsabilité que l’Allemagne dans les évènements de la seconde guerre mondiale, sinon à un niveau supérieur sur le plan moral, cela donne encore une fois matière à réflexion.