Quand l’Europe veut s’attaquer à la sécurité sociale
24 octobre 2012 17:51, par TremahLa privatisation de la sécu est déjà largement entérinée dans les faits... et surtout dans les esprits. Le néolibéralisme (totalement gramscien de ce point de vue) s’impose toujours dans le débat autour des "valeurs" avant de s’imposer à tous par le règlement politique. Les délocalisations des années 80-90 résultent directement du travail de sape idéologique effectué par la gauche libertaire depuis le milieu des années 60, sur le thème du monde ouvert, de la tolérance et mon cul sur la commode.
Déjà, sans une bonne mutuelle à l’heure actuelle, ça devient compliqué... sauf si tu as accès à la CMU, dont le financement devient de plus en plus problématique (9 milliards d’euro en 2011 je crois...) et qui risque surtout d’entraîner à terme une dégradation générale des prestations de la médecine publique. On se dirigera alors vers une couverture universelle mais "minimale" à l’anglaise (attendre 8 mois pour obtenir un rdv avec un médecin venu de... quelque part sur la Terre).
Il ne faut pas non plus se voiler la face, ce bon principe d’un service public de la santé (publique également, car pour faire tourner une économie, il faut des gens en relative bonne santé...) a dans les faits été beaucoup dévoyé et connaît de multiples abus. J’en constate dans ma propre famille... comme beaucoup de monde, je suppose. Sans même parler des problèmes liés à l’immigration (l’aide médicale aux clandestins n’étant désormais plus forfaitaire, mais gratuite, "ils" seraient stupides de ne pas venir, non ?).
Malheureusement le pédagogue néolibéral, toujours enclin à faire la leçon, peut s’engouffrer dans ces failles relativement béantes pour dénoncer l’échec du principe même de la médecine publique, devenue dans la pratique trop coûteuse, ingérable et inefficace, pour justifier la privat(isa)ion intégrale et inévitable de la sécurité sociale.
Depuis trente ans c’est d’ailleurs toujours le même argument d’"inéluctabilité" qui est mis en avant pour justifier les dérégulations sociales et économiques. Les experts de mes deux passent leur temps à véhiculer ce message dans les émissions de commentaire politique : "on ne peut plus faire autrement", "sans l’Europe c’est fichu", etc.