Egalité et Réconciliation
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L’arnaque de la dette

par André-Jacques Holbecq*

Jusqu’en 1973, lorsque l’État avait besoin de trésorerie, il demandait à la Banque de France de le financer, de la même manière que procède toute entreprise ou ménage envers sa banque commerciale : en lui signant une « reconnaissance de dette ».

L’exception européenne C’est à Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des finances, que nous devons la loi du 3 janvier 1973 dont l’article 25 précisait "Le trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France", interdisant donc le financement direct de l’État par la Banque de France. Cette loi a été confirmée par l’article 104 du Traité de Maastricht - devenu 123 du Traité de Lisbonne. Cette interdiction, n’est, dans aucune autre zone monétaire, gravée ainsi dans le marbre d’un Traité !

En clair la France (de même que les pays de la zone euro) est obligée d’emprunter sur les marchés financiers, en payant des intérêts, les besoins monétaires qu’elle ne peut couvrir par des recettes budgétaires. Pourtant, des pays tels les USA, la Grande Bretagne ou le Japon, n’hésitent pas à se servir de la possibilité de monétisation directe par leur Banque Centrale lorsque les besoins de leur économie le nécessitent. Chez nous, les banques peuvent emprunter à 1% à la BCE et prêter aux États à 3, 5 ou 7% et parfois plus.

L’augmentation annuelle de cette dette publique de 1980 à fin 2009 correspond, bon an mal an, aux intérêts de la dette, dans un effet boule de neige. En euros constants la dette est passée de 239 milliards d’euros (21% du PIB) fin 1979 à 1489 milliards d’euros (78% du PIB) fin 2009, soit une augmentation de 1250 milliards d’euros. Sur la même période, nous avons payé environ 1340 milliards d’euros d’intérêts aux différents prêteurs privés (banques et établissements de crédits, fonds de pension, assurances-vie…).

Mais direz vous, nous sommes bien obligés de payer des intérêts à nos prêteurs ! Oui, et justement puisque nous devons, dans le système actuel, emprunter chaque année sensiblement l’équivalent de ces intérêts qu’il faut payer, non seulement nous ne pourrons jamais rembourser, mais en plus la dette continuera à croitre alors que nous avons une obligation d’honnêteté envers les épargnants qui ont fait confiance à la signature de la France.

Pourtant, nous pourrions imposer à la Banque de France de monétiser chaque année une somme raisonnable pour alléger le poids de cette dette dont le paiement des intérêts pèse aujourd’hui sur les services publics essentiels de notre nation (éducation nationale, sécurité sociale, sécurité…) .

Ah, je vous entends « mais c’est la planche à billet, c’est l’inflation assurée… » Tout d’abord, il faut noter qu’aujourd’hui, ce sont les banques privées qui ont la responsabilité de la création de la monnaie et qui ont provoqué une immense inflation du prix des actifs pendant les années 2000, qui a mené à la pire crise économique depuis 80 ans. En effet, la masse monétaire a progressé de près de 10% par an dans la zone euro jusqu’à la crise.

Aujourd’hui, la quantité de monnaie en circulation en France est d’environ 1900 milliards d’euros (agrégat M3). La BCE considère qu’une augmentation annuelle de plus ou moins 5% n’est pas inflationniste. C’est donc une centaine de milliards de monnaie nouvelle qui peuvent être émis chaque année sans effet inflationniste.

Comment pourrons-nous rembourser ces épargnants qui détiennent cette « dette de la France » sans les léser, qu’ils soient français ou étranger, qu’ils aient placés leur épargne au sein de fonds de pensions ou d’obligations détenues par des assurances vies ?

Bien que la vente par les administrations publiques des actifs monétaires qu’elles détiennent permettrait instantanément la réduction de plus de 700 milliards d’euros de la dette, restons dans l’hypothèse d’une nécessité de remboursement de la dette brute "au sens de Maastricht" estimée au début de cette année 2011 à 1600 milliards d’euros.

En fait la solution est simple et ne nécessite que la volonté politique Prenons les hypothèses d’un budget global dont le solde primaire est équilibré (recettes – dépenses hors charges d’intérêts) et d’un taux d’intérêt moyen sur les obligations d’État de 3%.

Si nous décidions de monétiser chaque année 100 milliards d’euros, la première année, 48 milliards d’euros serviront au paiement des intérêts et il resterait 52 milliards en remboursement du capital de la dette. Le solde résiduel deviendrait donc 1548 milliards d’euros. L’année suivante, c’est 46 milliards d’euros d’intérêts, 54 milliards de remboursement du capital et une dette ramenée à 1494 milliards d’euros. Et ainsi de suite.

En 22 ans la dette serait totalement remboursée aux actuels détenteurs, sans en léser aucun ni sur le capital investi, ni sur les intérêts attendus chaque année. La dette et les intérêts payés pendant cette période de remboursement seront simplement transférés sous forme de nouvelles obligations à l’actif du bilan de la Banque de France. Il est à noter qu’il faudrait 39 ans avec une monétisation annuelle de 70 milliards d’euros.

D’ailleurs, Maurice Allais, notre seul prix Nobel d’économie affirmait que : « La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire ». Cette création monétaire, bien public, actuellement confiée à des banques privées auxquelles il est pourtant difficile de faire confiance doit revenir dans le giron de la collectivité. C’est aussi ce qui permettra d’honorer la dette sans asphyxier notre économie.

*Economiste et auteur de :

  • Argent, dettes et banques, éditions Yves Michel, 2010
  • La dette publique, une affaire rentable, en collaboration avec Philippe Derudder (préface d’Étienne Chouard) - éditions Yves Michel 2008
 






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15 Commentaires

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  • #14504
    Le 10 mai 2011 à 21:00 par Moustapha
    L’arnaque de la dette

    Excellent article qui demontre que l’on peut parfaitement sortir de cette impasse (pour ne pas dire piege)dans laquelle nous ont poussé des politiques stipendiés par la banque.
    Un bémol pourtant :etant donnée la somme colossale d’intérêts déjà payée par le peuple français ,je ne vous pas pourquoi il faudrait continuer d’en payer.Je propose de rembourser le principal et basta,les vampires sont déjà suffisement gorges de sang .

     

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    • #14506
      Le Mai 2011 à 21:06 par anonyme
      L’arnaque de la dette

      Ca serait plutôt à eux de nous rembourser.
      Quand on vole et qu’on se fait attraper : on rend.

       
    • #14545
      Le Mai 2011 à 22:57 par anonyme
      L’arnaque de la dette

      Certes mais nous nous mettrions à dos un paquet de monde, et qui auraient certainement les moyens de reprendre le contrôle sur le pays...

       
    • #14626
      Le Mai 2011 à 14:51 par anonyme
      L’arnaque de la dette

      Certes mais nous nous mettrions à dos un paquet de monde, et qui auraient certainement les moyens de reprendre le contrôle sur le pays...



      Nous nous mettrions de toutes façons un paquet de monde sur le dos si nous reprenions notre destin en main ... alors tant qu’à faire, autant leur glisser une belle quenelle.

       
  • #14508
    Le 10 mai 2011 à 21:12 par avrelarmor
    L’arnaque de la dette

    est-ce que Cheminade, Asselineau, Dupont-Aignant, Le Pen (et sûrement d’autres que je ne connais pas), font exprès de rester divisés pour toucher le plus large public possible et se ranger derrière le mieux placé au deuxième tour l’an prochain ?
    parce que, j’ai l’impression que l’ "ennemi principal", ils l’ont tous bien identifié...alors soit il y a une stratégie, soit ils sont largement aussi cons que leurs détracteurs, et ne méritent donc pas nos voix...
    sinon, j’aime beaucoup Dieudo, mais des biquettes, j’en ai eu pour de vrai et,...ça fait vraiment que des conneries (parfois très drôles, je le reconnais).
    tiens, je vais rallumer radio-shalom ; on dirait que je fais une rechute là !

     

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    • #14511
      Le Mai 2011 à 21:20 par moderateur
      L’arnaque de la dette

      Cheminade, Asselineau et Dupont-Aignant ne souhaitent pas s’allier avec le principal parti d’opposition, qui est le Front National.

       
    • #14519
      Le Mai 2011 à 21:46 par avrelarmor
      L’arnaque de la dette

      si c’est "pédagogiquement stratégique" et que leur but est réellement de sortir la France du bourbier "fasciste" (au sens FMI’ste du terme), alors il leur faudra admettre la réalité politique...
      ...sinon, pas la peine de passer par quatre chemins : c’est ou des cons, ou des arrivistes, ou des agents de l’Empire ...(avec toutes les combinaisons que ça implique).
      liberté, égalité...choucroute !

       
  • #14510
    Le 10 mai 2011 à 21:18 par OV
    L’arnaque de la dette

    « Bien que la vente par les administrations publiques des actifs monétaires qu’elles détiennent permettrait instantanément la réduction de plus de 700 milliards d’euros de la dette... »
    Quésako ?

     

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  • #14522
    Le 10 mai 2011 à 21:56 par Prométhé
    L’arnaque de la dette

    Le coupable : la banque [bien, bonne analyse garçon !], les banques, .....les banquiers...[tu brules mon ami, continue de chercher]

    Ouai,...Tralalahitou...ça permet pas de nettoyer le système toute cette terminologie conceptuelle.

    C’est très bien d’avoir identifié l’ennemi, certes, mais maintenant on voudrait des noms,... et surtout les noms des personnes physiques cachées derrière les personnes morales qui détiennent les "banques", savoir le capital des sociétés "banques" et cela, malgré les cascascades de sociétés.
    En bref, j’en conviens volontiers, on connait les plus célébres de ces gens là, mais tant qu’à faire, moi, je voudrais bien la liste exhaustive.

    Bien entendu, je veux parler de toutes les banques à l’échelle mondiale et pas seulement des banques de "chez nous" (à en croire la devanture du magasin, parce que si on creuse......................).

    Avec ce who’s who des suceurs de sang on aurait peut-être de quoi commencer à bosser sérieusement. Ca devrait permettre de demander des dommages et intérêts, voire le prix du sang comme avec l’outils inventé par le docteur Guillotin...

    A bon entendeur... les journaleux d’investigation...au boulot.

    On peut toujours rêver !?

     

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  • #14537
    Le 10 mai 2011 à 22:46 par Joli
    L’arnaque de la dette

    il faudrait requalifier cette dette en DETTE ODIEUSE, à l’équivalent des dettes odieuses africaines...
    car le fait même de payer des intérets à des banques privées doit etre réfuté . La signature de Pompidou traître à la solde de Rotschild pour plumer l’état français , ne m’engage en rien.
    C’est du même niveau d’arnaque que le remboursement de dettes bancaires demandé aux Islandais.Un référendum équivalent en France permettrait de bloquer le remboursement des intérets , et de la partie du capital qui n’a pas servi directement aux Français.
    ce pourrait être le cas du capital que Sarkozy a emprunté en 2009 pour renflouer des banques privées amies et payer de larges bonus à ses affidés (d’ailleurs en opposition avec une recommandation européenne !!!) Souvenons nous de la BNP qui sans en avoir besoin, en a reçu pour ne pas être défavorisée par rapport aux autres ! ce capital s’il est analysé à l’aide des critères de la dette odieuse devrait être considéré comme non remboursable.

     

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  • #14569
    Le 11 mai 2011 à 00:43 par Petit épargnant français
    L’arnaque de la dette

    Ne plus rembourser, comme le suggèrent certains, c’est très séduisant, sauf que le petit épargnant français a placé ses économies dans les fonds en Euros de l’assurance-vie. Je suppose que cela doit parler à certains d’entre vous. l’Assurance-vie étant le placement préféré des français (1400 Milliards d’Euros d’encours), ces épargnants, qui ont économisés toute leur vie seraient..... ruinés. Un remake des emprunts russes, en quelque sorte.

     

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  • #14585
    Le 11 mai 2011 à 08:28 par vilayat@free.fr
    L’arnaque de la dette

    il faut annuler purement et simplement la dette et repartir à zero
    les français sont otages des banquiers
    insupportable !!

     

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  • #14598
    Le 11 mai 2011 à 11:01 par Bremen
    L’arnaque de la dette

    bon j’vai jouer le bof mais pk ne pas annuler la dette et repartir sur une banque de France ?

    Qui va nous réclamer l’argent que notre Etat doit, les ptis banquiers avec leur p’tite cravatte et leurs p’tis poings, y voudraient avoir l’air mais n’ont pas l’air du tout, on les bousille, physiquement....

     

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  • #14600
    Le 11 mai 2011 à 11:15 par anonyme
    L’arnaque de la dette

    Cheminade, Asselineau, Dupont-Aignant, Le Pen et meme biquette que j’admire au passage peu importe le grand vainqueur de 2012 ce sera nous les grands perdants car l’empire a les moyens de faire plier n’importe quel genoux ....tant que la majorité de français seront sous anesthesie rien ne se passera

     

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  • #14669
    Le 11 mai 2011 à 20:20 par Léonidas Durandal
    L’arnaque de la dette

    Excellent article. Un bémol, la non prise en compte du léger effet inflationniste d’une telle mesure. De plus, il faudrait que tous les pays européens jouent le jeu et qu’une règle réellement limitative soit instaurée. Mais je ne fais même pas confiance à nos politiques pour utiliser cette mesure à bon escient. Comme pour le RDS et la CSG ils utiliseraient cet outil pour dépenser et emprunter encore plus, sans rembourser la dette, voire pour concurrencer le voisin en utilisant ce moyen comme levier d’une politique économique concurrentielle...

     

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