Les États-Unis et l’Union européenne ont défini un éventail des sanctions éventuelles contre la Russie en cas d’escalade de la crise ukrainienne. Les mesures concrètes dépendront de l’évolution des événements autour de la Crimée et de l’Ukraine, écrit vendredi le quotidien Kommersant.
Selon les sources diplomatiques occidentales, Washington et Bruxelles préparent au moins quatre scénarios. La Russie a déjà promis de réagir à toutes les sanctions.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov rencontre aujourd’hui à Londres son homologue américain John Kerry, qui espère faire revenir Moscou sur son soutien au référendum prévu en Crimée le 16 mars. Le secrétaire d’État a laissé entendre que les négociations pourraient durer jusqu’à samedi soir.
Kerry insistera sur la création d’un groupe de contact sur l’Ukraine, le retrait des "unités militaires supplémentaires" de Crimée et l’envoi d’observateurs internationaux sur place, l’ouverture de négociations entre la Russie et le nouveau gouvernement de Kiev et l’arrêt du soutien aux forces séparatistes en Crimée.
Selon les sources diplomatiques, cette liste correspond aux conditions avancées par Kerry au cours des entretiens avec Lavrov à Paris et à Rome la semaine dernière. Le week-end dernier le secrétaire d’État américain avait mentionné les mêmes points dans sa lettre adressée au gouvernement russe. Comme l’a déclaré Washington par la suite, la réponse de Moscou prouve que les autorités russes n’ont pas l’intention de changer leur position.
Sergueï Lavrov, à son tour, insistera sur l’application des accords du 21 février entre Viktor Ianoukovitch et les leaders de l’opposition, y compris la remise des armes illégales, la formation d’un gouvernement d’unité nationale et la réforme constitutionnelle. "Nous avions déjà parlé de la nécessité de remplir les accords signés par les ministres des Affaires étrangères européens. Nos homologues européens insistaient en disant que ces accords étaient du passé et nous appelaient à nous résigner en menaçant de conséquences", a expliqué la source diplomatique russe.
Selon les sources diplomatiques américaines et européennes, l’Occident a défini un éventail de sanctions contre la Russie mais la situation ne sera claire que quand la Russie exprimera sa position vis-à-vis des résultats du référendum. Washington et Bruxelles préparent plusieurs scénarios de sanctions pour réagir aux actions de Moscou. Ces mesures pourraient être réparties en quatre scénarios.
Le premier scénario, "le moins plausible" selon les diplomates occidentaux, serait le report du référendum de Crimée et l’acceptation par la Russie des conditions des USA et de l’UE. Dans ce cas les sanctions déjà adoptées contre la Russie seraient retirées. Rappelons que l’UE a suspendu ses négociations avec la Russie sur la libéralisation du régime de visas et l’élaboration d’un nouveau traité de coopération. Les États-Unis ont limité la coopération militaire et ont suspendu les négociations sur le renforcement des liens économiques avec la Russie.
Le deuxième scénario est baptisé "abkhaz" en Occident : la Crimée voterait pour l’adhésion à la Russie et Moscou reconnaîtrait simplement son indépendance. Cette démarche serait un facteur irritant considérable dans les relations entre la Russie et l’Occident mais les sanctions américaines et européennes seraient limitées. Les lignes de coopération déjà gelées ne seraient pas rétablies, les dirigeants occidentaux ne viendraient pas au sommet du G8 à Sotchi et des sanctions financières et de visas seront adoptées contre des personnalités officielles russes.
Le troisième scénario et le plus probable, selon les Occidentaux. En cas d’adhésion de la Crimée à la Russie des sanctions seraient adoptées contre des députés et des sénateurs russes, des hauts fonctionnaires de l’administration présidentielle, des hauts responsables de compagnies publiques russes et des entrepreneurs proches du Kremlin sous forme de restrictions de visas et de sanctions financières. La coopération militaire serait complètement interrompue et des restrictions sur les livraisons d’armes seraient à prévoir. La Russie serait probablement exclue du G8. Il est fort probable que les États-Unis et l’UE boycottent également les futurs événements internationaux en Russie.
Certaines sources occidentales mentionnent un quatrième scénario : l’annexion à la Russie d’autres régions ukrainiennes hormis la Crimée. Dans ce cas, Washington pourrait adopter des sanctions très sévères contre la Russie visant son isolement maximal. D’après les sources européennes, Bruxelles ne pourrait pas adopter de telles sanctions immédiatement au vu de la forte interdépendance des économies russe et européenne.
La Russie a déjà laissé entendre que toute sanction était inadmissible et ne resterait pas sans réponse.
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