Pour une vingtaine de jours, la Méditerranée devient l’arène d’entraînement pour neuf navires russes et chinois.
Du 11 au 21 mai, les manœuvres militaires navales communes se déroulent là où les USA faisaient, jusqu’à présent, cavalier seul. Annoncées en automne 2014 par le ministère de la Défense de la Russie, ces exercices navals en Méditerranée ont pour but d’approfondir la coopération militaire avec la Chine. Le commandant supérieur de la flotte russe l’amiral Viktor Tchirkov a qualifié les essais de nouveau pas vers le renforcement de l’amitié et de la coopération sino-russes.
Le directeur du programme de recherche « Eurasie » de l’Institut des hautes études en géopolitique et sciences auxiliaires (IsAG) Dario Citati a bien voulu commenter les manœuvres russo-chinoises dans une interview à la radio Sputnik. « Sur le plan technico-militaire, c’est un signe d’augmentation de la confiance réciproque entre les deux pays », explique Dario Citati. « Formellement, et la Chine, et la Russie ont déclaré que ces exercices n’ont rien à voir avec un message présumé envers, par exemple, les USA ou les puissances occidentales. Mais il s’agit tout simplement des exercices techniques pour augmenter la capacité conjointe en mer, en vue surtout des opérations dans l’océan », résume l’expert.
Entre-temps, les médias occidentaux n’y vont pas avec le dos de la cuiller en critiquant le geste des Russes et des Chinois, en le considérant comme provocateur. Le journal allemand Der Spiegel écrit que ce qui se passe, actuellement, dans les eaux de la Méditerranée, peut être qualifié de démonstration de force sino-russe, face aux États-Unis d’Amérique. Par contre, notre expert Dario Citati estime, pour sa part, que les manœuvres des navires russes et chinois en Méditerranée peuvent être utiles aux Européens :
« Les pays de la Méditerranée pourront en quelque sorte profiter de cette expérience pour entamer un dialogue sur les thèmes de la sécurité avec la Chine et surtout avec la Russie qui est un partenaire idéal, un partenaire naturel pour l’Europe dans la lutte contre le terrorisme islamique. En ce moment, en Méditerranée il y a une sorte de vide du pouvoir du côté européen parce qu’il n’y a pas d’unité parmi les pays d’Europe concernant le problème du terrorisme, du contrôle des côtes libyennes… »
Les exercices navals qui ont débuté le 11 mai ont été précédés par la rencontre des présidents russe et chinois dans le cadre des commémorations de la victoire sur le nazisme à Moscou. Selon plusieurs experts, les manœuvres dites de solidarité que la Russie et la Chine organisent depuis 2012 principalement dans l’océan Pacifique est un signe d’une coopération étroite entre Moscou et Pékin. Le rapprochement entre les pays sur le plan militaire rend l’hypothèse de la création d’une véritable alliance militaire asiatique plus réaliste, une alliance qui s’opposerait officiellement à l’OTAN.