Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s’est indigné, dimanche, des propos tenus par Marine Le Pen jugeant la France « pas responsable » de la rafle du Vel d’Hiv en 1942.
Le communiqué du CRIF, intitulé Des propos révisionnistes qui dévoilent le véritable visage du Front national :
Suite aux propos de Marine Le Pen niant la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv, le CRIF dénonce des propos révisionnistes qui dévoilent le véritable visage du Front national.
Par ces propos, Marine Le Pen s’inscrit dans la tradition vichyste et collaborationniste de son père et des fondateurs du Front national. Ses déclarations sont une insulte à la France, qui s’est honorée en 1995 à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des Juifs de France et faire face à son histoire, sans mémoire sélective.
Le CRIF rappelle que la rafle du Vel d’Hiv a été organisée par René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, par 4 500 policiers et gendarmes français qui ont arrêté plus de 13 000 Juifs, dont 4 000 enfants, à Paris et en région parisienne les 16 et 17 juillet 1942.
Le CRIF considère que par ses propos, Marine Le Pen démontre à ceux qui en doutaient qu’elle inscrit le Front national en dehors du champ de la République.
Le CRIF rappelle la présence continue aux côtés de Marine Le Pen de personnalités néo-nazies comme Frédéric Chatillon.
Le CRIF invite les Français à faire barrage au Front national le 23 avril et le 7 mai prochains.
Rafle du Vel d’Hiv : les candidats à la présidentielle
dénoncent les propos de Marine Le Pen
À deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a soulevé un tollé dimanche 9 avril en estimant que la France n’était « pas responsable » de la rafle du Vel d’Hiv en 1942 à Paris, au cours de laquelle plus de 13 000 juifs avaient été arrêtés. Une sortie condamnée par tous les candidats à l’élection présidentielle.
Emmanuel Macron
Invité de BFMTV dimanche soir, Emmanuel Macron est le premier à avoir réagi. « D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen », a ironisé le candidat d’En marche ! Et de poursuivre :
« Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu’est le Front national aujourd’hui dans notre pays. Donc c’est une faute grave, ce qu’elle a fait […] Je pense que Jacques Chirac avait justement pris ses responsabilités et eu un geste courageux. »
Benoît Hamon
Benoît Hamon, lui aussi, a établi un parallèle entre la déclaration de Marine Le Pen et les polémiques passées déclenchées par son père. Invité de RTL, voici l’échange qu’il a eu avec Elizabeth Martichoux :
« Non elle n’a pas raison. Elle n’aime pas l’histoire, je pense qu’elle l’arrange. Elle l’arrange parce que la responsabilité de la France est évidente. Il n’y avait pas un soldat allemand pour prêter main forte aux policiers pour opérer cette rafle du Vel d’Hiv. La réalité, c’est que le président de la République Jacques Chirac avait fait un choix qui était un choix important, en rupture avec ce qui avait pu être dit auparavant. Moi, je l’approuve et c’est le sens de l’Histoire que de reconnaître la responsabilité de la France. [...] Je ne sais pas si c’est calculé mais en tout cas, si on doutait que Marine Le Pen est d’extrême droite, on ne peut plus en douter. »
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Israël condamne les propos de Marine Le Pen sur la rafle du Vel’ d’Hiv
Des propos qui ont suscité la polémique en France, mais qui ont également eu des répercussions à l’étranger. L’État hébreu a exprimé un vif mécontentement. « Nous condamnons les déclarations faites par Marine Le Pen selon lesquelles la France n’est pas responsable de la déportation des juifs de son territoire pendant la Shoah », a déclaré le 10 avril une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Michal Maayan.
Israel condemns Marine Le Pen's statements that France isn't responsible for deportation of Jews from its territory during the Holocaust 1/4 pic.twitter.com/uUsB0HvepZ
— Israel Foreign Min. (@IsraelMFA) 10 avril 2017
« Cette déclaration est contraire à la vérité historique telle qu’elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France, qui ont reconnu la responsabilité de l’État pour le sort des juifs français qui ont péri dans la Shoah », a-t-elle précisé dans un communiqué.