Une telle vague de suicides aurait concerné une grande entreprise qu’immanquablement, elle aurait fait les gros titres d’une presse, qui à raison, chercherait à en connaître les causes. Mais rien de tel pour les gendarmes. Et plus généralement, pour les membres des forces de l’ordre.
Ainsi, en 2014, 55 policiers et une trentaine de gendarmes se sont donné la mort. Au début de cette année, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé des mesures pour enrayer ce phénomène inquiétant, dont le recrutement de 7 psychologues supplémentaires.
Seulement, en un peu d’un mois, ce sont 6 gendarmes qui ont mis fin à leurs jours. Le plus souvent, leur hiérarchie explique que leur acte fatal a été motivé pour des « raisons personnelles ».
Sans doute cela joue-t-il… Les gendarmes sont comme tout le monde. Et donc ils ont aussi leur lot de problèmes personnels. Mais la société étant ce qu’elle est, ils sont souvent confrontés à des situations pénibles dans le cadre de leur travail. Travail dont le rythme, au demeurant, est intense.
Quoi qu’il en soit, le 29 juin, un adjudant en poste Châteauneuf-du-Pape, s’est supprimé avec son arme de service. Tout comme, le même jour, un maréchal des logis-chef de la brigade de Ghyvelde (Nord).
Le 4 juillet, un autre maréchal des logis-chef, âgé de 31 ans, technicien à l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie (IRCGN) de Pontoise, s’est aussi suicidé.
Deux jours plus tard, le corps sans vie d’un sous-officier du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Limoges, a été retrouvé dans son logement de fonction. Là encore, il se serait donné la mort avec son arme de service.
Comme un gendarme de 44 ans, en poste à Vatan (Indre), où il était très impliqué dans la vie sportive et associative. Sa hiérarchie a précisé, ce 3 août, que son suicide a été motivé pour des « raisons personnelles et non professionnelles ».
Avant lui, un autre militaire, en poste à la brigade territoriale de Damazan (Lot-et-Garonne) s’est suicidé avec son arme de service, a indiqué l’association Gendarmes&Citoyens.
Cette dernière a d’ailleurs adressé un courrier aux ministres de la Défense et de l’Intérieur, « comme une bouteille à la mer », pour leur proposer d’organiser une « conférence sur les risques psycho-sociaux et le suicide dans les forces de l’ordre en faisant venir des intervenants extérieurs spécialisés en la matière, en trouvant des gens prêts à témoigner d’une souffrance vécue et en y associant d’autres partenaires ».
Et d’ajouter :
« Si nous parvenions à organiser une telle conférence, nous n’osons avoir l’espoir d’y voir, autour d’une table, vous, nos ministres de tutelle, mais également le ministre de la Santé, notre directeur général et celui de nos camarades policiers. En bref, un dialogue, un vrai, entre la base et nos chefs, afin de trouver les moyens de ne plus perdre de frères d’armes dans de telles circonstances ».