J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, dans le cadre de cette chronique, à quel point je considérais la votation suisse anti-minaret comme ambiguë. S’attaquant à une manifestation marginale du mal qui touche notre continent, elle ne visait nullement sa raison – l’immigration – ni ne désignait sa cause : le libéralisme marchand.
Il est vrai, et ceci explique peut-être cela, que l’UDC n’a que peu de valeurs communes avec les nationaux et nationalistes français. Deux nouvelles relevées récemment dans la presse suisse nous le démontrent.
Le 18 décembre 2009, Thomas Fuchs, un député de l’UDC qui n’a jamais caché sa bisexualité, a ainsi fièrement annoncé à la presse la création de la « section gay de l’UDC »… Si elle est très islamophobe, cette section « rose » n’est que modérément hostile à l’immigration… Du moins à un certain style d’immigration … Elle estime en effet que « le fait d’être homosexuel est un motif légitime d’émigration (en Suisse) en cas de persécutions ou de menaces graves contre la personne ». De plus elle incite le système scolaire à fournir une information objective sur l’homosexualité et sur la prévention du sida, et se déclare favorable à l’adoption homoparentale…
Quelle a été la réaction de l’UDC ? Une exclusion immédiate de ces déviants ? Pas le moins du monde, le secrétaire-général du parti, Martin Baltisser, s’est contenté de déclarer : « L’orientation sexuelle de nos membres n’est pas un problème. »
Il est vrai que les problèmes de morale ne tracassent guère ni Martin Baltisser, ni les autres dirigeants de l’UDC. S’ils ne se scandalisent pas qu’un de leurs députés soit favorable à la propagande homophile dans les institutions d’enseignement et à l’adoption d’enfants par des homosexuels, ils ne se scandalisent pas non plus d’une spécificité suisse : la prostitution, en toute légalité, des mineurs.
Alors que dans les autres nations européennes, les clients faisant appel aux services de prostituées de moins de 18 ou 20 ans (selon les pays) sont susceptibles de peines sévères et dissuasives(en France trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende), il n’en est rien en Suisse où la pratique est légale, au nom de la majorité sexuelle fixée à 16 ans.
Une motion déposée en décembre 2008 afin d’interdire la prostitution adolescente, a été refusée par la Chambre du peuple en juin, suivant l’avis du Conseil fédéral. Une seconde motion, plus modérée, approuvée par les députés un peu plus tard n’a débouché quant à elle sur rien car le Conseil fédéral s’y oppose. Or dans toutes les discussions qui ont eu lieu dans ce cadre, les élus de l’UDC sont restés particulièrement discrets, voire ont été hostiles, « au nom de la liberté du commerce. » comme l’a déclaré un des leurs.
On voit bien à ce qui précède qu’être islamophobe est une chose et qu’être un défenseur des immuables valeurs européennes en est une autre. Ne l’oublions pas et sachons choisir nos références et nos alliés, en fonction de nos valeurs et non pas en fonction de nos rejets épidermiques.