Pour des millions de personnes dans le monde, elle est un symbole d’héroïsme et un spectre obsédant des dangers de la discrimination. Mais pour une entreprise hollandaise de divertissement, Anne Frank est aussi un nom de marque suffisamment évocateur pour justifier des millions d’euros d’investissement.
La semaine dernière, la société de production Imagine Nation, basée à Amsterdam, a annoncé son projet d’ouvrir un immense théâtre dans la capitale hollandaise, où se jouera un seul spectacle : la pièce Anne, qui retracera la vie de l’adolescente juive, auteur du célèbre journal intime.
Première production basée sur les archives de la famille Frank, le spectacle initiera le public à des aspects moins connus de l’histoire d’Anne Frank, notamment les épreuves vécues par sa famille dans les camps de concentration.
Mais la nature commerciale de l’entreprise – le théâtre abritera également des intérieurs fantaisistes et un restaurant, parmi d’autres commodités – expose également le Fonds Anne Frank, l’organisation suisse hébergeant les archives, aux critiques d’une institution concurrente, la Maison Anne Frank d’Amsterdam, un musée qui accueille chaque année plus d’un million de visiteurs.
« Anne Frank ne devrait pas faire l’objet d’une sortie nocturne », estime Ronald Leopold, le directeur de la Maison Anne Frank. « Nous ne sommes pas impliqués dans toute cette histoire, et je suis plutôt content quand je vois ce qu’il se passe. »
Leopold fait référence à ce qu’il appelle « le cadre commercial dans lequel cette production est ancrée ».
« Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils quand je vois un dispositif où sont prévus des verres de vin, des boîtes de snacks, un dîner avec vue, puis une virée nocturne », dit-il, ajoutant que « si ça ne tenait qu’à moi, les choses ne se seraient jamais déroulées de la sorte ».