Valérie Laupies, institutrice originaire du Creusot, est venue au FN sur le tard. Elle a pourtant failli être élue députée l’an dernier et vise la mairie de Tarascon en 2014.
Il y a un an, les caméras étaient braquées sur elle. Valérie Laupies candidate Front national dans les Bouches-du-Rhône, a bien failli être élue députée. Quelques voix de plus, et la directrice d’école de 47 ans, siégerait aujourd’hui à l’Assemblée aux côtés de Marion Maréchal-Le Pen. Celle qui enseigne depuis 18 ans en ZEP à Tarascon et qui vise aujourd’hui la mairie n’a pourtant aucune trace d’accent provençal. Et pour cause, Valérie Laupies, est née en Saône-et-Loire, au Creusot, dans ce qu’elle décrit elle-même comme « un milieu ouvrier de gauche ».
Elle qui est, aujourd’hui, conseillère régionale en PACA a passé les 18 premières années de sa vie dans la cité du marteau-pilon. Son père était électricien chez Creusot-Loire et de son enfance bourguignonne, Valérie Laupies garde une image relativement positive : « C’est une ville qui a connu un grand mélange de population. Je me souviens des immigrés qui venaient travailler à Creusot-Loire et tout se passait en harmonie. » À 18 ans, elle éprouve pourtant le besoin de changer d’air. Après un bref passage par la Vendée, elle s’installe à Lyon pour y étudier l’Histoire et devenir institutrice. Une fois diplômée, elle se retrouve enseignante en ZEP du côté de la Provence, la région de son mari.
« Sectaire de gauche » avant d’entrer au FN
Sept ans seulement après son entrée au FN, Valérie Laupies a déjà trois élections au compteur : les régionales en PACA où elle est élue, les cantonales où elle dépasse les 40 % et les dernières législatives où elle manque le palais Bourbon de peu (malgré le désistement en sa faveur du candidat UMP arrivé troisième). Aujourd’hui, la directrice d’école se prépare à porter les couleurs du Front pour devenir maire de Tarascon, commune de 14 000 habitants.
« Les Tarasconnais de souche ne se sentent plus chez eux. Une nouvelle culture s’est installée sur Tarascon et ça tue la ville », dit elle en reprenant un vocabulaire typique du FN. Mais la Creusotine a pourtant longtemps été, de son aveu même : « Une sectaire de gauche. » Elle confie aussi que Jean-Marie Le Pen a longtemps représenté inconsciemment pour elle « une incarnation du diable. J’avais cette espèce de réflexe pavlovien de rejet quand il apparaissait à la télé. » C’est avec Marine Le Pen qu’elle commencera vraiment à s’intéresser au FN. Mais avant, l’institutrice fait un passage par le MRC de Jean-Pierre Chevènement.
C’était à l’époque des « sauvageons ». « L’expression avait choqué beaucoup de monde, mais moi ça m’avait parlé. » Elle évoque ainsi ces gymnases qu’elle a vu flamber en ZEP : « Immédiatement remis tout à neuf. Ce n’est pas juste pour ceux qui, ailleurs, n’abîment pas. » Très vite, l’enseignante se sent mal à l’aise face au « dogmatisme » de la gauche et prend ses distances. C’est sur les conseils de l’écrivain Alain Soral, qu’elle s’intéresse au Front national et trouve enfin sa « vraie famille politique ».
Un engagement « tabou » dans sa famille au Creusot
Ce nouvel engagement passe difficilement dans sa famille creusotine de gauche : « C’est un sujet périlleux, un peu tabou », reconnaît l’élue. Quand elle est élue conseillère régionale en 2010, Valérie Laupies a donc un petit pincement au cœur : « Même quand on est adulte on a envie que nos parents soient fiers de nous, mais je n’ai pas vraiment pu partager ça avec eux. »
A contrario, au FN, l’institutrice est vite adoptée et devient la référente « éducation » du parti : « Il y a encore assez peu de profs au FN », remarque-t-elle. Mais dans son travail à l’école, elle l’assure : « La politique n’interfère pas. » L’enseignante reconnaît toutefois avoir dû subir les tentatives de « déstabilisation de quelques parents gauchistes », mais assure que dans la ZEP où elle enseigne « les familles maghrébines me respectent encore plus ».
Aujourd’hui, la seule chose qui pourrait faire quitter l’école à la Creusotine serait une élection en 2014 au poste de maire de Tarascon. Une victoire jugée tout à fait possible au FN.