Tomas Young est devenu paralysé à la suite d’une attaque surprise alors qu’il se trouvait dans un camion en Iraq pendant la guerre en 2004.
Une balle d’AK-47 a sectionné sa moelle épinière, une autre a éclaté sa rotule.
Young est devenu instantanément paralysé, et depuis, après de multiples complications, son état n’a cessé de se dégrader, au point qu’il nécessite une assistance même pour les gestes les plus élémentaires de la vie quotidienne.
Il est tellement désespéré qu’il a programmé son suicide en avril prochain.
10 ans jour pour jour après l’invasion américaine en Irak, Young a écrit une lettre ouverte à l’attention de l’ex-président des États-Unis George W. Bush et de son vice-président, Dick Cheney :
Je vous écris cette lettre le jour du 10ème anniversaire de la guerre en Irak au nom de mes frères d’armes de la guerre en Irak. J’écris cette lettre au nom des 4 488 soldats et Marines qui sont morts en Irak. J’écris cette lettre au nom des centaines de milliers de vétérans qui ont été blessés, et au nom de ceux dont les blessures physiques et psychologiques ont détruit leur vie. Je suis l’un de ceux qui ont été gravement blessés. J’ai été paralysé à la suite d’une embuscade d’insurgés à Sadr City en 2004. Ma vie arrive à sa fin. Je vis dans une unité de soins palliatifs. (…)
Je vous écris cette lettre au nom du million d’Irakiens morts, et au nom des innombrables Irakiens blessés. J’écris cette lettre au nom de nous tous – les détritus humains que votre guerre a laissés derrière elle, ceux qui vont passer le restant de leurs jours dans une douleur et une tristesse infinies.
Je vous écris cette lettre, ma dernière lettre, à vous M. Bush et M. Cheney, non pas parce que je pense que vous saisissez les terribles conséquences humaines et morales de vos mensonges, de vos manipulations et de votre soif de richesse et de pouvoir. J’écris cette lettre avant ma propre mort parce que je voudrais qu’il soit clair pour vous que mes centaines de milliers de frères d’armes et moi-même, comme des millions de mes concitoyens, comme des centaines d’autres millions de personnes en Irak et au Moyen-Orient, savons pleinement qui vous êtes et ce que vous avez fait. Vous pouvez peut-être échapper à la justice mais à nos yeux chacun de vous est coupable de crimes de guerre odieux, de pillage, et finalement de meurtre, y compris le meurtre de milliers de jeunes Américains – mes frères d’armes – dont vous avez volé l’avenir.
Votre autorité, vos millions de dollars de richesse personnelle, vos conseils en relations publiques, vos privilèges et votre pouvoir ne peuvent masquer la superficialité de votre personnalité. Vous nous avez envoyés au combat et à la mort alors que vous, M. Cheney, vous avez esquivé l’appel pour la guerre du Vietnam, et vous, M. Bush, vous avez déserté votre unité de la Garde Nationale. Cela fait des années que vous avez démontré votre lâcheté et votre égoïsme. Vous n’avez pas voulu risquer vos vies pour votre nation, mais vous avez envoyé des centaines de milliers de jeunes gens sacrifier la leur dans une guerre insensée sans plus de réflexion qu’il n’en faut pour sortir les poubelles.
J’ai rejoint l’armée deux jours après l’attaque du 11 septembre 2001. J’ai rejoint l’Armée parce que notre pays avait été attaqué. Je voulais nous venger de ceux qui ont tué 3 000 de mes concitoyens. Je n’ai pas rejoint l’Armée pour aller en Irak, un pays qui n’avait rien à voir avec les attaques de septembre 2001 et qui ne posait pas de menace pour ses voisins, et encore moins pour les États-Unis. Je n’ai pas rejoint l’armée pour « libérer » les Irakiens ou pour fermer des sites hébergeant des « armes de destruction massive » imaginaires, ou pour implanter ce que vous appelez cyniquement la « démocratie » à Bagdad ou au Moyen-Orient. Je n’ai pas rejoint l’armée pour reconstruire l’Irak, dont vous nous avez dit à l’époque que cela pourrait être remboursé par les recettes du pétrole irakien. Au lieu de cela, cette guerre a coûté plus de 3 000 milliards de dollars aux États-Unis. (…)
Sur tous les plans, moral, stratégique, militaire et économique, l’Irak a été un échec. C’est vous qui devriez en payer les conséquences. (…)
Comme beaucoup d’autres vétérans handicapés, j’ai fini par comprendre que nos blessures physiques et mentales ne vous intéressent guère, et qu’elles n’intéressent probablement aucun politicien. Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et vous nous avez abandonnés. Vous, M. Bush, vous brandissez constamment votre foi de chrétien. Mais est ce que mentir n’est pas un péché ? Et le meurtre, n’est ce pas un péché ? Et le vol et l’ambition égoïstes ne sont-ils pas des péchés ? Je ne suis pas chrétien. Mais je crois en l’idéal chrétien. Je crois que ce que vous faites au moindre de vos frères, vous vous le faites à vous-même, à votre propre âme.
Le jour de mon jugement dernier approche. Le vôtre viendra. J’espère que vous serez jugé. Mais surtout, j’espère, pour votre propre conscience, que vous trouverez le courage moral de faire face à ce que vous nous avez fait, à moi et à plein d’autres qui méritaient de vivre. J’espère qu’avant la fin de votre vie sur Terre, alors que la mienne se termine, que vous trouverez la force de caractère pour implorer le pardon du public américain et du monde, en en particulier du peuple irakien.