L’ancien conseiller à la sécurité nationale israélienne Uzi Dayan a énoncé au Jerusalem Post son analyse des intérêts fondamentaux d’Israël dans la région du Moyen-Orient, sur fond de conflit en Syrie et de l’avancée de l’État islamique.
Uzi Dayan [à droite sur la photo], ancien commandant de l’unité de reconnaissance à l’état-major général, qui est passé au grade de sous-chef d’état-major de Tsahal, a expliqué au journal israélien The Jerusalem Post être favorable à l’émergence d’une autonomie des minorités ethniques et religieuses en Syrie, déclarant qu’il aimerait voir « un État kurde indépendant et un État druze autonome ».
Alors que la guerre civile syrienne entre dans sa sixième année, Dayan a expliqué que la progression de l’État islamique pourrait signifier la destruction de l’État syrien et consolider les réseaux djihadistes à sa frontière.
« Même si la Syrie se désintègre – ou est en cours de désintégration – nous ne voulons pas qu’elle devienne un fief de Daech », a affirmé Uzi Dayan. « Nous préférons que l’armée syrienne stationne le long des frontières », dit-il, ajoutant non sans ironie : « Un État syrien faible est bon pour Israël. »
Par ailleurs, pour Uzi Dayan, « Bachar el-Assad n’est pas notre ami » et ainsi, « il n’est pas dans l’intérêt d’Israël de lui apporter un quelconque soutien », même lorsqu’il s’agit de combattre l’État islamique. « Mais on ne fait rien pour l’éliminier non plus », ajoute-t-il.
Le sous-chef d’état-major de Tsahal estime que laisser l’État islamique se déployer le long de la frontière israélienne pourrait créer une situation où Israël devrait combattre directement le groupe djihadiste.
Pour assurer la sécurité de la frontière du Golan, l’homme suggère de « former une ceinture de sécurité de 8 à 10 km » pour se protéger des roquettes et des groupes djihadistes, dont le Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. « Ce ne sera pas une tâche facile », admet-il.
Dans le futur, « la mission principale du nouveau chef du Shin Bet [services secrets israéliens] sera d’empêcher la formation de cellules terroristes liées à Daesh parmi les Arabes israéliens, ainsi que toute croissance de l’influence du groupe dans la bande de Gaza et en Cisjordanie », a-t-il expliqué.
À la fin son analyse, Uzi Dayan a cité les trois menaces principales pour la sécurité d’Israël : « La République islamique d’Iran, une perte de légitimité dans la région qui serait une menace à la cohésion de la société israélienne et le terrorisme. »
Israël mène des conflits interposés
Uzi Dayan explique ainsi qu’Israël doit combattre l’État islamique, mais aussi les rebelles syriens, comme al-Nosra. Pourtant, Israël n’hésite pas à fournir une aide logistique aux rebelles et même à al-Nosra, lorsqu’il s’agit de nuire au régime syrien. Et ce, même si les islamistes se rapprochent dangereusement de ses terrioires.
Celà fait déjà plusieurs années qu’Israël subit régulièrement des attaques de groupes armés djihadistes contre ses postes de contrôle dans le Golan. Les médias locaux font souvent état du stationnement de groupes de militants liés à Al-Qaïda à quelques centaines de mètres seulement de la frontière.
Officiellement, Israël affirme vouloir rester en dehors du conflit voisin. Pourtant, en octobre 2014, le spécialiste du Moyen-Orient Ehud Yaari, a expliqué que certains groupes rebelles maintenaient « un contact constant avec l’IDF » (Forces de défense israéliennes) qui leur fournirait même des armes. Un rapport de l’ONU avait également révélé que les troupes israéliennes distribuaient des colis aux Syriens armés.